Depuis plusieurs mois déjà, vous pouvez lire les premiers chapitres du roman La Magie des Mots de Doris Facciolo. J'ai eu le plaisir d'interviewer cette jeune auteure et d'en apprendre davantage sur elle et son travail littéraire. Voici cette interview :
YmaginèreS : Bonjour Doris et merci d’avoir accepté cette interview.
Doris Facciolo : Bonjour YmaginèreS et ses lecteurs ! C’est avec grand plaisir que je réponds à cette demande !
Y : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots et nous parler de votre parcours ?
D.F. : J’ai actuellement 26 ans et je tiens à souligner que Doris est un prénom féminin. Oui oui. Car on m’appelle souvent monsieur… sans doute des gens qui n’ont jamais vu le film d’animation Némo. Bref.
Malgré mon nom à consonance italienne, je suis belge, de région liégeoise. Au vu des croisements qu’il y a eu dans la famille, on pourrait même dire que je suis européenne !
Mon métier est un métier de chiffres (mais pas de maths) : la comptabilité. C’est sans doute pour pouvoir m’évader de ce monde si strict (quoique… vu l’ambiance qu’il y a au bureau, on se pose parfois la question) et si terre à terre que j’aime tant le monde des livres et de l’imaginaire en général.
Mon parcours ? Il n’est pas bien long à vrai dire…
J’ai commencé à écrire lorsque j’ai intégré le serveur gratuit nommé « Aurora » du (tout vieux) Ultimate Online, il y a … heu … ça doit faire 6 ans je pense (wooow le coup de vieux ! O_o). J’ai d’abord commencé à rédiger l’histoire de mon personnage au fur et à mesure de ses aventures au sein du jeu. Ensuite, lorsque j’ai intégré l’équipe de game masters d’Aurora, j’ai été chargée de conter les légendes du nouveau monde que nous nous apprêtions à ouvrir ainsi que de créer et décrire de nouvelles races à jouer. Finalement, ce projet a été avorté, et Aurora est bel et bien mort aujourd’hui. En tant que serveur RPG en tous cas…
De là est venue l’idée saugrenue d’un jour écrire un roman sur ce monde imaginaire de jeu de rôle. Ce que je n’ai pas fait. Par contre j’ai intégré quelques personnages issus de ce monde dans La Magie des Mots (NDLR : premier roman de Doris Facciolo). Il y a parfois des personnages auxquels on s’attache trop pour les voir disparaître .
Y : Quelles sont vos sources d’inspiration pour l’écriture de votre premier roman, La Magie des Mots, dont les neuf premiers chapitres sont en lecture libre sur votre site ainsi que sur ymagineres.net ? Parlez-nous plus en détail de cette œuvre, à la frontière entre Fantasy et Science-fiction.
D.F. : La Magie des Mots est une idée qui a mis énormément de temps à germer dans mon esprit bordélique. Je voulais tenter le coup, me mettre à écrire, mais à écrire plus que l’histoire d’un personnage en quelques pages. Un livre complet. Mais écrire quoi ? De la Fantasy, ça ne faisait pas un doute. Oui ? Et ensuite ? L’histoire complète d’Aurora ? Oui c’était une idée excellente. Il y avait beaucoup à dire sur l’histoire du monde et de ses personnages. Mais j’aurai eu besoin de l’aide des autres joueurs pour cela…
J’ai donc réfléchi. Longuement. J’ai mis des mois à écrire ma première ligne. Oui parce qu’à force d’attendre et de réfléchir, d’autres vous piquent vos idées… Il m’était venu l’idée d’un voyage dans le temps. Une poignée d’hommes et de femmes qui se retrouvent, on ne sait comment, dans l’ère préhistorique et ne parviennent plus à revenir. Là, ils y auraient découvert d’anciennes civilisations dont nous n’avons jamais entendu parler. Et sont arrivés Spielberg et sa série Terra Nova…
Bon ok, j’avais déjà changé d’idée avant que la série ne sorte. Mais c’est tout de même frustrant !
Pareil avec Cœur d’Encre. Je ne connaissais pas les livres, ni le film. J’avais déjà choisi le titre de mon roman et rédigé le premier chapitre. J’avais alors en tête que notre ami Arvin tomberait sur un livre qui rendait réel tout ce qu’il y écrivait. Et puis… voila que je vois la bande annonce du film Cœur d’Encre. Et merde ! Encore sabotée !
Il s’est passé un an avant que je ne reprenne l’écriture du roman. Un an durant lequel j’ai retourné dans tous les sens la façon dont pourraient progresser les choses. Quel était le but, les embuches, le monde, les personnages etc. Et enfin, le déclic.
Si Aurora m’a beaucoup inspirée et continue de le faire, d’autres sujets le font également. C’est le cas du Triangle des Bermudes (le naufrage s’y déroule, avant que nos rescapés ne se retrouvent sur un monde à deux lunes) ainsi que d’autres légendes et lieux mystérieux bien terriens. Mes lectures ont sans doute également une influence sur ma façon d’écrire et d’envisager le rythme des rebondissements à apporter à l’aventure. Je lis en ce moment beaucoup de Fantasy, mais également de la Science-Fiction. Robin Hobb et Frank Herbert, dans leurs univers respectifs, sont sans doute les deux auteurs qui m’ont le plus marquée.
La Magie des Mots est donc bel et bien un mélange entre SF et Fantasy. Le thème principal reste les mondes parallèles, ou les voyages interstellaires instantanés. Quoique ce thème reste finalement comme un arrière-plan, camouflé par la magie du monde dans lequel nos protagonistes atterrissent. Car il s’agit bel et bien d’un monde médiéval-fantastique dans lequel la guerre s’apprête à refaire surface, avec son lot de misère, de conspiration, de ruse et de larmes. La problématique de l’écologie est également abordée, bien que sous forme divine/magique. D’autres thèmes feront leur apparition au fur et à mesure. Il reste encore beaucoup à découvrir de la magie que peuvent procurer les mots… même pour moi ;-)
Y : Vous proposez à vos lecteurs de participer à l’écriture de ce roman en vous suggérant des idées, des ajouts qui leur semblent nécessaires… Dites-nous en plus.
D.F. : Il y a quelques temps, je m’imaginais l’effet que cela ferait d’un jour pouvoir insérer ne serait-ce qu’une toute petite de mes idées dans le roman d’un grand écrivain. Un simple nom de ville ou de personnage. Un personnage entier, pourquoi pas ? Quelle fierté ! Quel plaisir ce serait !
Loin de moi l’idée de me prendre pour « un grand écrivain ». Je ne suis qu’une débutante en quête d’apprentissage et d’évolution. Mais je voulais offrir cette chance à mes lecteurs, les faire participer comme ils le souhaitent. Une lectrice m’a envoyé un dessin qu’elle avait réalisé (il figure sur mon site) avec le nom du personnage en question et les trois mots qui l’avaient inspirée pour cette création. Je lui ai promis que son personnage figurerait dans les prochains chapitres de mon roman et je tiendrai parole. C’est aussi une façon de me donner de l’inspiration pour la suite !
D’ailleurs, si vous avez des idées pour des noms de ville ou de personnages… c’est souvent là que je bloque.
Y : Que préférez-vous, la Fantasy ou la SF ?
D.F. : Question difficile… tout dépend s’il s’agit de l’écriture ou de la lecture. Pour la lecture, j’apprécie les deux. J’avoue lire plus de Fantasy en ce moment que de SF, mais c’est certainement dû à l’effet de mode et aux libraires qui mettent la Fantasy bien plus en avant ces derniers temps. Mais je ne rejette pas la SF, loin de là.
Quant à l’écriture… j’ai envie de dire que la SF est plus difficile que la Fantasy. Du moins est-ce mon point de vue. J’ai cette impression qu’avec la SF, il faut parfaitement maîtriser le sujet abordé. Si ce n’est pas le cas, il y a de gros risque pour que notre roman ne soit pas crédible. Je ne suis pas très technique, n’ai jamais fait de sciences et ne connais que les planètes de base en ce qui concerne l’astronomie. Je ferais un piètre écrivain de SF…
Au contraire, j’ai le sentiment que la Fantasy nous laisse beaucoup plus de liberté. On peut tout imaginer, tout créer. Et là est ma force. Du moins je l’espère !
Bien que j’aie intégré quelques sujets de SF dans La Magie des Mots, ce n’est qu’une trame de fond, comme je l’ai dit. L’écriture et le déroulement restent orientés Fantasy, monde dans lequel je me sens plus à mon aise pour écrire.
Y : Envisagez-vous d’aborder un jour d’autres genres littéraires, le Steampunk par exemple ?
D.F. : Le Steampunk est un style dont je n’avais jamais entendu parler avant que Solenne Pourbaix ne nous présente ses écrits. Je n’ai par contre pas encore pris le temps de les lire, honte à moi ! (Trop de projets et de lectures en même temps…)
Je me suis essayée pour la première fois à l’horreur/fantastique avec ma nouvelle L’Ange Déchu, paru dans le hors-série n°1 d’YmaginèreS . J’ai pris beaucoup de plaisir à rédiger cette nouvelle et à faire les recherches nécessaires à la rédaction de cette-ci. Ma correctrice insiste d’ailleurs pour avoir une suite…
Pour l’instant, je m’essaie à la rédaction d’une nouvelle policière pour le concours de la Fnac dans le cadre du festival liégeois du film policier. C’est loin d’être mon domaine de prédilection, mais j’y intègre tout de même une petite pointe de Fantasy. On verra ce que ça donnera, même si j’ai peu d’espoir de remporter ce concours. L’important c’est d’écrire, de se tester et de progresser.
Donc oui, je m’essaye à d’autres genres. Mais mon domaine de prédilection reste la Fantasy.
Y : Que pensez-vous du milieu de l’édition ? Vous fait-il peur ?
D.F. : Pour avoir lu plusieurs articles sur le sujet et en avoir discuté avec quelques auteurs, je sais qu’il s’agit là d’un monde de rapaces où il est difficile de se faire une place. Certains y arrivent, à force de coups de chance et de bons pistons, mais surtout avec un vrai talent. Certes, les correcteurs font un travail magnifique, mais il ne faut pas tout faire reposer sur eux, ou votre manuscrit ne sera pas lu au-delà du premier chapitre (s’il est seulement ouvert…).
L’auteur qui a l’immense honneur d’être édité ne perçoit que maximum 30% environ des gains engendrés par son œuvre. C’est énorme si on vend ses livres par millions, mais nous ne sommes pas tous King, Hobb & co. C’est bien souvent trop peu pour pouvoir en vivre lorsque l’on est un auteur méconnu du grand public.
Il y a d’autres alternatives, comme l’édition pour compte d’auteur ou encore l’auto-édition. Mais ce sont là des chemins encore plus difficiles pour se faire connaître, car dans ce cas l’auteur ne reçoit pas ou peu d’aide extérieure pour faire sa promo et pousser les librairies à accepter de vendre son œuvre.
Est-ce que ça me fait peur ? Non. Je n’imagine pénétrer dans ce monde que dans quelques années, lorsque mon roman sera achevé. Et c’est loin d’être le cas. En attendant, je me renseigne sur les différents moyens actuels de se faire publier/éditer. Et je compte le livre électronique parmi ces moyens. Car bien qu’il soit boudé par de nombreux lecteurs, ce nouveau format a tout de même conquis de nombreuses paires d’yeux et reste, pour l’auteur, ce qu’il y a de plus rentable (là, c’est la comptable qui parle).
En gros, j’ai tout mon temps pour me tracasser de ce genre de « problèmes ». Pour l’instant, tout ce que je recherche, ce sont des lecteurs et des critiques. Car sans cela je ne pourrai jamais progresser, et sans progrès je doute de pouvoir un jour être publiée de quelque manière que ce soit.
Y : Aimeriez-vous vivre de votre plume et vous y consacrer totalement ou bien faut-il que vous conserviez un métier « à côté » pour vous épanouir vraiment ?
D.F. : Ce n’est pas une question qui me taraude pour l’instant car comme je l’ai dit précédemment, je n’envisage l’édition que pour dans quelques années. Cependant, ce serait un véritable rêve que de pouvoir vivre de ma plume !
Pouvoir enfin vivre au rythme où je l’entends, écrire chez moi ou ailleurs, exercer mes autres passions et/ou rêves…
Mais cela dans l’optique où le métier d’écrivain rapporterait assez pour en vivre décemment. Sinon, effectivement il me faudrait au moins un mi-temps pour pouvoir compenser financièrement.
Si par contre cela portait réellement ses fruits, je ne pense pas que je continuerais dans la comptabilité. Je me lancerais probablement dans l’élevage canin (oui je sais, ça n’a aucun rapport ni avec la compta ni l’écriture ! Mais j’aime les chiens et l’éducation canine ^^).
Y : Pourriez-vous nous parler de vos futurs projets ?
D.F. : Ouf ! Heu… alors :
1) Achever les travaux de rénovation dans ma maison. Ca traîne et j’en ai marre.
2) Achever La Magie des Mots, ça traîne aussi, mais je n’en ai pas marre ^^. Il faut dire que je suis assez lente lorsque j’écris, et que je n’écris pas tous les jours faute de temps et/ou d’envie (si j’ai pas envie, c’est pas la peine).
3) Je scrute le net à la recherche de concours de nouvelles afin de m’entrainer, à défaut de les remporter. Peut-être que certaines nouvelles pourraient finir en roman un jour où l’autre, comme ce sera peut-être le cas pour L’Ange Déchu, mais rien n’est encore certain. Chaque chose en son temps !
Y : Pour conclure, pourriez-vous répondre à ce questionnaire de Proust de façon succincte ?
- Votre principale qualité ?
J’achève ce que je commence (ok, par contre il me faut parfois du temps avant de commencer!)
- Votre principal défaut ?
Bornée
- Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ?
Qu’ils soient mes amis !
- Votre occupation préférée ?
Lire. Et écrire, bien entendu.
- Votre idée du bonheur ?
Pouvoir vivre sans maladie ni tracas financier. Avec mon amoureux et mon chien. C’est pourtant simple, mais j’en demande déjà trop…
- Votre idée du malheur ?
Devoir être privée d’internet et de chocolat à tout jamais. Qu’on me pique tout de suite…
- Si vous n’étiez pas Doris Facciolo, qui désireriez-vous être ?
La même, en plus riche, plus belle et sans maladie incurable xD
- Où aimeriez-vous vivre ?
Dans une maison rustique au milieu des bois. Le calme et les promenades au pas de la porte. Le rêve pour écrire !
- Vos auteurs favoris ?
Frank Herbert, Robin Hobb, GRR Martin, Roger Zelazny, Arthur C.Clarke, …
- Votre roman préféré ?
J’en apprécie des tonnes, mais celui qui m’a tout de même laissé une trace indélébile reste le cycle de Dune.
- Vos héros préférés dans la fiction (littérature, ciné, BD…) ?
Ce n’est certainement pas un héros dans le sens où on l’entend, mais Leto II (cycle de Dune) m’a beaucoup marquée par sa profondeur. Le Fou dans le cycle de l’Assassin Royal était mon personnage préféré.
- Vos héroïnes préférées dans la fiction (littérature, ciné, BD…) ?
J’ai été voir le nouveau film Millénium récemment. Je n’ai pas lu les livres et n’ai vu ni la série ni l’ancien film. Par contre j’ai adoré le personnage de Lisbeth !
- Votre jeu de rôle préféré ?
Je n’ai joué que très peu à des jdr sur table. J’en connais plus sur pc et là, j’hésite entre The Witcher et Dragon Age (le premier hein, parce que Dragon Age 2, il vaut rien du tout !). Sinon, un bon vieux Baldur’s Gate, y’a rien de tel ^^
- Votre chanson favorite ?
Ouf ! Ca change tout le temps ! Bon on va dire Ghost River, du dernier album de Nightwish. Je l’écoute beaucoup pour l’instant.
- Le film que vous appréciez le plus ?
Rolala… En vérité ce n’est pas un film mais une série : Game of Thrones. Je suis en train de la regarder pour la seconde fois, en même temps que de lire l’intégrale 1. Cette série est vraiment très très fidèle au livre et brillamment réalisée. Je la trouve vraiment très réussie !
- Vos héros dans l’Histoire ?
Bof… jamais eu cours d’histoire. Grosse lacune, sans aucun doute.
- Vos héroïnes dans l’Histoire ?
Idem.
- Ce que vous détestez par-dessus tout ?
Les gens qui nient la vérité même lorsqu’on la met sous leur nez, et qui osent encore vous traiter de fou, la preuve sous les yeux.
- Quel est le don surnaturel que vous aimeriez avoir ?
La Volonté (lisez la Magie des Mots pour comprendre ^^)
- Comment aimeriez-vous finir votre vie ?
Sans souffrir.
- Quel est votre état d’esprit actuel ?
Fatiguée. Besoin de vacances.
- Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d'indulgence ?
L’ignorance.
- Le juron que vous lancez le plus souvent ?
Merttt’hin !
- Votre mot favori ?
“à moi?” (prononcé façon « mouettes dans Némo »)
- Quelle est votre devise ou votre citation préférée ?
« Pourvu que les générations aient le temps d'évoluer, le prédateur, pour survivre, adapte sa conduite à sa proie qui, en retour, modifie son propre comportement, et ainsi de suite... Je connais plus d'une force qui n'exerce pas le pouvoir autrement. Prenez les religions... »
Leto II, dans l’Empereur-Dieu de Dune (Frank Herbert)
Y : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
D.F. : Si vous lisez ceci, vous lisez alors probablement les récits d’autres auteurs méconnus du grand public. Alors pour eux, svp, ne vous contentez pas de simplement lire ce qu’ils font. Parlez-leur. En bien comme en mal, c’est ce qu’ils attendent de vous.
Mais surtout : osez. Osez vivre vos rêves, même les plus fous. On ne vit qu’une fois
Y : Merci d’avoir bien voulu répondre à nos questions et bonne continuation dans vos projets.
D.F. : C’était un réel plaisir ! Longue vie à YmaginèreS !