3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 04:14

anglemort.jpgYmaginereS : Bonjour Sébastien Degorce. Merci de vous présenter, ainsi que la revue Angle Mort à nos lecteurs.

 

Sébastien Degorce : Bonjour. Personnellement, je suis éditeur dans le domaine du technique. Mais ma passion, c’est la science-fiction : j’en écris, mais j’ai également une équipe qui travaille sur un projet qui s’appelle Angle Mort depuis un an. On vient justement de sortir le numéro 5, juste avant les Utopiales. Et on est partis sur le postulat de publier quatre nouvelles tous les trois mois : deux nouvelles d’auteurs très connus et deux nouvelles de jeunes auteurs en devenir.

C’est une revue numérique : on propose en fait des contenus en ligne. Les gens peuvent lire gratuitement les nouvelles sur écran, ou alors ils peuvent télécharger un ebook (on propose les format pdf, ePub ou .mobi) : pour 2,99 €, vous avez le fichier contenant le texte et une interview de l’auteur.

 

 

Y : Comment devient-on éditeur ?

 

SD : On devient éditeur !? Ah là là, c’est beaucoup de travail ! Moi je suis éditeur, mais c’est plutôt secrétaire de rédaction assistant d’édition qu’on devrait dire, parce que je fais de la mise en page, de la lecture, de la correction, de la réécriture. L’éditeur, qui crée sa boîte, c’est pas moi, parce qu’il faut un fric monstre, et je ne peux pas créer une maison d’édition comme ça.

Notre revue rémunère ses traducteurs, certains auteurs, on commence déjà à avoir une certaine légitimité dans le milieu, entre guillemets. On traduit certains auteurs anglophones, même de tous les pays et le but de la manœuvre, c’est de publier des nouvelles inédites, vraiment inédites, et on commence à payer nos auteurs. On commence à trouver des solutions pour pouvoir les rémunérer et élargir notre offre. Et en parlant d’élargir l’offre, à côté de la revue, on va sortir un feuilleton, des novellas : à côté du site, il y aura une interface avec sa propre identité graphique qui sera dédiée à un feuilleton écrit par Léo Henry, qui nous suit.

 

Vous savez, il y a un truc qui est excellent : quand j’ai commencé à travailler dans l’édition, j’étais stagiaire à l’Atalante. J’étais fan de Moorcock, j’étais fan de tout ça, et quand on m’a dit « tu vas travailler à l’Atalante », j’ai fait des bonds de 15 mètres; ça m’a permis de rencontrer beaucoup de gens très vite, alors que j’étais un berrichon arrivant à Paris, petit-fils de paysans poitevins qui devient éditeur.

 

Et du jour au lendemain, j’ai pu rencontrer Sébastien Cevey, qui dirige la revue, avec David Queffélec, Christophe Duchet (Snid) et Laurent Queyssi qui est traducteur. Et toute cette équipe a donné naissance à Angle Mort. C’est vraiment un projet dans lequel je me suis senti bien tout de suite, et ça s’est confirmé : au bout d’un an, je me rends compte que ces personnes-là ont une exigence.

 

Si on donne sa chance à un auteur sur un texte, il nous faut quelque chose en plus : on ne veut pas de textes manichéens, le bien contre le mal, ou juste du divertissement, ni alors surfer sur une niche ou une mode. On publie des textes transgenres, pas forcément difficiles d’accès, mais qui demandent un effort de lecture. Ce n’est pas de la littérature purement de divertissement, il y a de la recherche, voire même des récits expérimentaux.

Pour l’instant, apparemment, les gens aiment : depuis que la revue existe, on a à peu près 4500 téléchargements. Notre gageure c’est çà : publier des choses qui n’étaient pas consensuelles.

On a pris des risques et des revues comme Bifrost ou des sites tels qu’ActuSF ont fait de bonnes critiques sur nous.

 

 

Y : Vous avez également des éditions papier ?

 

SD : Non, seulement numériques : on propose différents formats pour les différentes tablettes du commerce, sinon on peut les lire sur son ordinateur.

 

 

Y : Vos projets pour Angle Mort ?

 

SD : Continuer à faire 4 interviews par numéro, proposer le feuilleton de Léo Henry et permettre aux gens qui arrivent et qui découvrent Angle Mort en prenant un abonnement de pouvoir recevoir gratuitement les premiers numéros déjà parus.

Et puis essayer de rétribuer de manière sérieuse nos auteurs, qu’on ne pouvait se permettre auparavant de payer, ou alors symboliquement, contrairement à nos traducteurs.

 

 

Y : Comment sélectionnez-vous les auteurs des futurs numéros ? En faisant un appel à textes ?

 

SD : Non, on les recrute. Pour les textes inédits en France et publiés dans d’autres pays, on contacte les auteurs et traduit les textes : on va chercher dans des anthologies anglaises ou américaines, et si le texte plaît à la personne qui fait cette première sélection, on prend contact avec l’auteur ou son agent et on s’arrange. Jusqu’ici, on a réussi à avoir des auteurs plutôt connus, comme William Gibson dans le dernier numéro : ils nous suivent tous !

Ponctuellement, certains auteurs sont allés sur le site, ont pris l’adresse et ont envoyé directement leurs textes. Et parfois, il y a aussi des nouvelles de commandes : on demande à certains auteurs d’écrire une nouvelle sur un sujet dont ils ont déjà parlé. Quand elle arrive, on l’annote, car il y a tout un travail en amont; c’est une revue numérique, mais on fait un vrai travail d’éditeur, on reçoit les textes, on les corrige, on les réécrit avec l’auteur, on a créé une charte graphique… c’est clairement une vraie valeur ajoutée d’éditeur.

 

 

Y : Combien de personnes dans l’équipe ?

 

SD : Les fondateurs sont trois, et le noyau dur comprend six personnes. Vous trouverez sur le site tous les noms des traducteurs, les personnes qui s’occupent de générer les ebooks, de la communication…

 

Personnellement, je participe aux interviews, je recrute des auteurs, je corrige les textes, je fais partie du comité de lecture, et mon gros travail est de tout relire, de m’assurer qu’il n’y ait pas une seule faute, une seule coquille, et de retravailler les textes avec les auteurs.

 

 

Y : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

 

SD : Surtout, ce que j’aimerais dire, c’est que l’édition change, que la France a beaucoup de retard, a peur du numérique, et que nous essayons de participer à cette période charnière de défrichage. Que si des gens veulent aller sur internet et consulter mes nouvelles, ils peuvent le faire gratuitement. Et si jamais ils veulent connaître un peu plus nos auteurs et notre démarche, ils peuvent télécharger et lire nos interviews.

 

 

 

 

Site de la revue Angle Mort : http://www.angle-mort.fr/


Interview réalisée par Françoise Boutet pour YmaginèreS à Nantes en novembre 2011 lors du Festival des Utopiales.

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