Bonjour à tous !
Je trouve enfin le temps de reprendre mes chroniques vampiriques suite à un documentaire* que j'ai vu il y a quelques jours à la télévision : La Princesse vampire... Ce n'est pas quelque chose de nouveau, puisque ce documentaire autrichien date de 2007, mais je ne l'avais jamais vu auparavant.
J'ai beaucoup aimé le mélange d'Histoire et de légende, et le fait que certain historiens se sont penchés sur la question "vampirique" tout à fait sérieusement. Mais ce qui découle surtout de ce documentaire, c'est qu'à certaines époques de l'Histoire et notamment au 17ème siècle, le vampirisme était loin d'être considéré comme une légende et les institutions religieuses craignaient même la présence des vampires. Apparemment, la plupart du temps, seules les classes inférieures de la société semblait être touchées par le vampirisme, mais le cas de la "Princesse vampire" fit école, car pour la première fois la noblesse était également touchée. De cette affaire a découlé une vague de chasse aux vampires dans les régions de l'Est de l'Europe, et elle a peut être également inspiré Bram Stocker pour écrire Dracula.
Eléonore-Amélie de Lobkowicz (Eléonore Elisabeth Amalia Magdalena, princesse de Lobkowicz, née le 20 juin 1682, à Mělník et décédée le 5 mai 1741, au Palais Schwarzenberg, Vienne) est née de l’union du prince Ferdinand Auguste de Lobkowicz (1655 – 1715), Duc de Sagan, et de sa seconde femme Magravine Maria Anne Wilhelmine von Baden-Baden ( 1655/1701).
Le 6 décembre 1701, la princesse Eleonore épouse le maréchal de la cour d’Autriche et prince héritier des Schwarzenberg, Adam Franz Karl Eusebius von Schwarzenberg. Eleonore est alors considérée comme une dame cultivée, et l'opulence et l'érudition du couple sont affichées à la Cour. Pourtant, elle avait déjà un attrait non dissimulé pour l'étrange, puisqu'on dit qu'elle gardait captives des louves dans le but de boire leur lait afin d'augmenter ses chances d'avoir un enfant mâle (référence sans doute au mythe de Romulus et Remus). De fait, elle mit au monde un garçon à un âge très avancé pour l'époque (42ans), en 1722. En 1732, après 31 ans de mariage, son mari décède d’un accident de chasse, tué par l'Empereur lui-même, Charles VI, qui, pour faire amende honorable, prend le fils d'Eléonore à sa Cour et lui octroie une rente de 5000 florins.
En 1739, ayant perdu son mari et son fils unique, Eleonore sombre dans la dépression et la maladie, souffrant de maux de plus en plus étranges pour l'époque. Elle s'entoure de nombreux médecins portés sur l'ésotérisme et dépense des fortunes pour ingurgiter des remèdes étranges comme de la poudre de corne de licorne (en fait de le poudre de corne de narval ou de fossile de mammouth).
En fait, elle souffrira pendant des années d’un cancer du colon, mais la maladie n'était pas connue à l'époque, on l'apparente alors à du vampirisme. Les autorités craignant que ce « mal des vampires » ne se répande à la population, le médecin personnel du roi la fit transférer à Vienne, où elle mourut en mai 1741. Une autopsie hors de prix fut alors pratiquée, intervention très peu courante à l’époque qui permit de découvrir une impressionnante tumeur dans son bassin. Malgré ces constatations, les résultats de l’examen ne furent pas divulgués et on laissa les ignorants dans la crainte. Certains pensent même que l’autopsie fut pratiquée pour cacher un rituel anti-vampire, comme extraire le cœur de son corps, ainsi que d'autres organes pour éviter qu'elle ne revienne hanter les vivants après sa mort.
Elle fut enterrée dans une petite ville de Bohème, loin de ses proches et du tombeau familial, dans une tombe des plus étranges. Celle-ci est encore aujourd'hui cachée par un lourd tapis rouge dans une petite église de Český Krumlov. Lorsque l'on soulève le tapis, on découvre tout d'abord une lourde dalle scellée portant son nom, mais pas ses armoiries car à leur place, on trouve un symbole bien insolite dans une église puisque sur cette dalle est gravé un crâne surmontant deux tibias croisés ! Sous cette dalle, les archéologues ont découvert une large épaisseur de terre de cimetière mélangée avec des ossements humains divers, puis une autre dalle cachant une voûte souterraine maçonnée au fond de laquelle se trouve la tombe à proprement parler.
Bien sûr, maintenant, la médecine et les sciences peuvent démontrer que tous ces vieux mythes ne sont dus qu'au manque de connaissances de l'époque, mais j'aime à croire que certaines légendes ou certaines créatures extraordinaires (bonnes ou mauvaises) ont peut-être un fond de vérité, aujourd'hui perdu...
Vampiriquement vôtre,
Korydwenn