Nous allons publier aujourd'hui une novella de Jean-Paul Raymond, une aventure apocryphe appartenant au cycle d'Harry Dickson : Le Spectre de l'Araignée. Mais tout d'abord, laissons l'auteur nous présenter le personnage d'Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain.
QUI ÊTES-VOUS MONSIEUR HARRY DICKSON ?
Le périple interminable des fascicules où figure l’intégralité des aventures du détective Harry Dickson s’étend sur plus d’un siècle.
À l’origine (1907 – 1908), il s’agit d’une série allemande, assez pauvre, retraçant des aventures apocryphes d’un personnage fort connu, d’un maître détective. Autrement dit : de Sherlock Holmes. Mais les héritiers de Conan Doyle, rendus furieux par cette appropriation frauduleuse, interdisent aux éditeurs allemands l’utilisation du nom prestigieux, si bien que Sherlock Holmes se transforme, au bout de deux numéros, en Harry Taxon.
En 1927, un éditeur belge décide de reprendre ces fascicules à son compte, et il les fait traduire en néerlandais. À cette occasion, Harry Taxon prend le nom définitif de Harry Dickson.
En 1929 une version française est programmée, et le même éditeur se met en quête d’un traducteur. Entre plusieurs autres il recrute un certain Raymond de Kremer plus connu par la suite sous le nom de Jean Ray.
Seulement il s’agit-là d’un travail alimentaire, et Jean Ray s’ennuie. Si bien que peu à peu le vieil écrivain gantois prend le pas sur l’auteur anonyme d’origine, et Jean Ray invente un grand nombre d’aventures originales, partiellement, ou intégralement de son cru. L’éditeur est d’accord. La seule condition sera de respecter, à l’intérieur de chaque histoire, la couverture d’origine (illustrée par Roloff), couverture préalablement achetée par l’éditeur néerlandais.
Dès lors, entre 1931 et 1938, il s’en suit 106 fascicules plus ou moins imaginés par Jean Ray (sur les 178 que comporte la série française). En 1938 l’affaire s’arrête, faute de rentabilité, avant la parution de la toute dernière aventure d’Harry Dickson (le Polichinelle d’Acier) qui demeurera inachevée.
En 1966, Jean Ray est en pleine gloire. Il est reconnu comme le plus grand auteur fantastique vivant, et les Éditions Marabout rééditent une bonne part des fascicules qui lui sont attribués. Ainsi, toute une nouvelle génération va découvrir Harry Dickson.
Il s’en suivra à partir de 1984 (aux Éditions Corps 9) la publication de l’intégrale des fascicules non-rayens (24 tomes) où figurent en particulier l’épopée (excellente !) du Professeur Flax monstre humain (on l’attribue à Gustave le Rouge), un personnage qui a été évoqué dans la novella que vous allez lire ci-dessous : le Spectre de L’araignée.
Également à partir de 1984 (aux Éditions NEO), il a été publié (en 21 tomes) l’intégrale des récits « Harry Dickson » attribués officiellement à Jean Ray.
Par la suite, dans les années qui ont suivi, d’autres auteurs ont apporté leur contribution au mythe. Parmi les principaux on peut citer Gérard Dôle (Éditions Fleuve Noir et Terre de Brume) ainsi que les BD de Nolane et Roman aux Éditions Soleil.
Comme on peut le constater, Harry Dickson n’est toujours pas mort. Des générations successives ont pu s’enchanter avec ces aventures impossibles (très feuilletonnesques !) totalement irréalistes, et qui se calquent de manière irraisonnée sur une vieille Angleterre passablement victorienne mais qui demeure, le plus souvent, en dehors du temps et de l’espace.
Alors, comment expliquer ce succès, et cette longévité ? C’est que ce diable d’homme, qui a depuis longtemps pris le pas sur ses créateurs successifs, possède un charme fou, ainsi qu’un parfum de mystère qui se révèle incomparable !
À vous de vous faire votre opinion. Si vous n’avez jamais lu aucune aventure d’Harry Dickson – du moins celles appartenant au canon : celles des fascicules – il vous reste certainement beaucoup de lecture en retard !
Le Spectre de l'Araignée
Une aventure d'Harry Dickson
de Jean-Paul Raymond