9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 17:42

 

 

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Le Sacrifice du Dragon

 

de

 

Laurent "Dragon" Royer

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 11

 

 

       

 

 

Les lames en bois s’entrechoquèrent dans un claquement sonore dont l’écho se répercuta dans toute la salle avant d’être suivi d’une série de coups plus secs. Les deux bretteurs avançaient et reculaient alternativement. Ni l’un ni l’autre ne semblaient parvenir à prendre réellement le dessus. Les assauts se succédaient entraînant les deux adversaires d’un bout à l’autre de la salle qui donnait l’impression ne plus être assez grande pour contenir la joute improvisée.

Après le repas et quelques parties de dés ennuyeuses, Gyls et Thomas en étaient arrivés au constat qu’ils avaient un grand besoin de se défouler. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, il était donc hors de question d’une chevauchée débridée. Et puis il y avait longtemps qu’ils ne s’étaient pas confrontés à l’épée. Si leurs alliances les avaient opposés ces dernières années, ils ne s’étaient jamais ouvertement affrontés sur les champs de bataille. Le vin aidant, sans doute, ils en vinrent à se demander qui aurait été lé meilleur s’ils s’étaient retrouvés face à face.

La salle d’armes était située près de la salle des gardes au rez-de-chaussée et donnait sur la cour. À cette heure, il n’y ferait pas très chaud, d’une part et il faudrait allumer beaucoup de torches pour l’éclairer suffisamment. De plus, le raffut dérangerait les hommes qui se reposaient juste à côté, même s’ils ne se risqueraient pas à se plaindre. Gyls préféra envoyer un serviteur leur chercher des épées d’entraînement en bois.

La rumeur du duel entre les deux frères se répandit dans tout le château et tous ceux qui n’étaient pas occupés par une tâche quelconque voulurent se rendre compte par eux-mêmes. Des gardes censés se reposer, ceux-là mêmes dont Gyls et Thomas n’avaient pas souhaité troubler le sommeil, ne furent pas les derniers pour assister à l’échange de passes d’armes.

Ysabeau, qui avait tenu compagnie à sa sœur jusqu’à ce que celle-ci décide d’aller se coucher, avait été prévenue par une servante quelque peu inquiète. La Dame de Monval n’avait pas voulu dormir tout de suite, non pas tant pour attendre son époux que pour passer un petit moment de détente. Elle était donc en train de broder près du feu tandis qu’une jeune suivante jouait de la harpe quand la servante était entrée, au bord de la panique. D’après elle, les deux frères étaient en train de se battre à l’épée.

Le sourire que l’un et l’autre arboraient et les yeux pétillants de malice rassurèrent la châtelaine. Ils ne se battaient pas, ils s’amusaient. À cet instant, elle voyait deux petits garçons en train de jouer comme au temps où ils cherchaient à obtenir les faveurs de la dame de leur cœur. Ysabeau ne put réprimer un petit rire. Ni l’un ni l’autre ne s’étaient rendu compte de sa présence. En fait, ils n’avaient même pas l’air de prêter la moindre attention à l’assistance toute entière.

Il y avait eu tant de malheurs et de drames ces dernières semaines qu’un peu de distraction ne faisait de mal à personne. Ysabeau songeait aussi bien à son époux et à son frère qu’aux gens qui les entouraient. La plupart d’entre eux étaient au service de Gyls et prenaient volontiers le parti de leur seigneur mais nombreux étaient ceux qui avaient connu Thomas quand il était enfant et n’hésitaient pas à l’encourager tout autant. Certains étaient venus avec le Seigneur de Piéval et se manifestaient parfois avec un peu de véhémence pour soutenir leur maître. Tout ça restait bon enfant et il n’y avait pas à craindre le moindre débordement.

Les deux adversaires commençaient enfin à montrer des signes de fatigue. Les épées étaient peut-être en bois mais elles étaient suffisamment lestées pour que leur poids s’approche de celui des vraies. Le souffle court, ils marquèrent une pause, chacun de son côté. C’est alors qu’ils remarquèrent leur public.


« Et bien, mon cher frère, je crois que nous avons suffisamment de témoins pour affirmer que je sors vainqueur de cette passe d’armes, déclara Gyls d’un ton enjoué.


— Oui, je constate qu’il y a suffisamment de témoins pour affirmer que, bien au contraire, je suis le vainqueur de cette joute, répliqua Thomas sur le même ton.


— Ah ! J’ai comme l’impression que nous sommes en désaccord, mon frère.


— Hum. Je crois, mon humble et très cher frère que nous sommes d’accord sur un point, c’est que nous ne sommes bel et bien en désaccord. »


Cette nouvelle joute, verbale, cette fois, ravit l’assemblée qui riait de bon cœur. Ysabeau était heureuse de voir les deux frères de nouveau aussi unis. Elle n’ignorait pas ce qui avait éloigné Thomas mais ses sentiments étaient toujours les mêmes. Elle était amoureuse de Gyls, son époux et ne ressentait qu’une profonde, mais sincère, amitié pour son jeune frère. Le jeune homme fougueux et impétueux était devenu un seigneur capable et apprécié de ses gens. Il aurait pu être un bon père, et le pourrait toujours, même si l’amour qu’il portait à son épouse n’était pas aussi fort.


« Je ne vois qu’une façon de régler ce différent, mon frère, poursuivait Gyls avec grandiloquence. Nous allons devoir nous battre.


— Encore ? Tu es sûr de vouloir perdre une fois de plus. Je ne voudrais pas t’humilier devant tes gens, Seigneur de Monval.


— Saches, jeune seigneur de Piéval, que ta cuisante défaite les distraira bien mieux…


— Seigneur Gyls ! Seigneur Gyls ! » cria-t-on depuis le couloir, l’interrompant brutalement.


Un homme bardé de cuir et affublé d’une cotte de maille entra précipitamment dans la salle. Il devait s’agir d’un des gardes en faction à l’extérieur. Assurément, il ne s’attendait pas à trouver autant de personnes mais, bien discipliné, il retrouva rapidement ses moyens et se dirigea droit vers Gyls :


« L’église est en feu, seigneur ! » dit-il dans un souffle.


L’homme conservait son son calme tandis que le seigneur de Monval, toujours un peu grisé par la joute avec son frère, le regardait un instant sans comprendre. Puis, il commença à réaliser ce qu’on venait de lui annoncer. Et il n’était pas le seul. Le garde l’avait dit suffisamment fort pour que tout le monde puisse l’entendre. Un murmure nerveux parcouru l’assemblée.


« Que les hommes qui étaient de repos aillent s’équiper, ordonna Gyls en se tournant vers Nicolas qui se trouvait également dans l’assistance. Que les gens des cuisines et les autres serviteurs aillent remplir des sceaux d’eau. Est-ce que quelqu’un sait où est le Père Mathieu ? »


Le prêtre n’avait même pas assisté au repas. Maintenant qu’il y réfléchissait, Gyls se souvint que Mathieu avait indiqué qu’il voulait préparer la chapelle ardente pour Anne. Il y avait donc de fortes chances qu’il se trouvât encore dans l’église. À moins… à moins qu’il n’ait mis le feu lui-même ! Non, Gyls chassa cette idée de son esprit. Son cousin avait certainement été secoué par ce qui s’était passé à la fontaine mais il doutait que sa foi se soit ainsi brisée au point qu’il mette le feu à sa propre église.


« Allons, Gyls, c’est pas le moment de rêvasser ! l’invectiva Thomas en le tirant par la manche. Rejoignons les autres. Monval est moins grand que le bourg de Piéval mais le feu pourrait se propager rapidement.


— Oui. Une horrible pensée m’a traversé l’esprit. Et j’espère de tout mon cœur me tromper.


— Mathieu ne se laisserait détourner de ses croyances aussi facilement, rétorqua Thomas qui avait deviné le fond de la pensée de son frère, ou bien la même lui était-elle venue, sans doute.


— Tu as raison. Au contraire, il a insisté pour inhumer Anne en lui donnant une sépulture chrétienne parce qu’il continuait à avoir foi en Dieu et en Son pardon. Je crois bien que le Malin en personne ne parviendrait pas à faire douter notre cousin. »


Sur ces mots, les deux frères s’élancèrent vers la sortie de la salle où ils s’arrêtèrent net, face à Ysabeau qui semblait les y attendre. Elle paraissait inquiète. Présente au moment où le garde était venu les avertir, elle savait bien sûr ce qui se passait mais son inquiétude semblait être tout autre.


« Dès que j’ai appris que l’église brûlait, leur dit-elle sans préambule, je suis allée aussitôt trouver Flora mais elle n’était plus dans ses appartements. Personne ne semble l’avoir aperçue. Vous me pardonnerez si je ne vous aide pas à organiser les secours, mes seigneurs, il faut absolument que je retrouve ma sœur.


— Voyons, ma douce, je ne vois pas pourquoi je te tiendrais rigueur de vouloir chercher ta sœur alors qu’elle est encore si vulnérable, répondit Gyls en lui serrant les mains dans les siennes.


— Connaissant mon épouse et sa grande piété, une telle nouvelle, si jamais elle l’a déjà apprise, ne va pas l’aider à aller mieux, je le crains, renchérit Thomas, sincèrement inquiet, lui aussi, pour Flora. Je t’aurais bien accompagné, Ysabeau, mais je serais sans doute plus utile à combattre le feu. Retrouve-la et veille sur elle… Enfin, continue… comme tu le fais déjà… »


Thomas se sentit soudain gêné. Il avait l’impression que depuis quelques semaines déjà, il s’était défait de son fardeau sur les épaules de sa belle-sœur. Ysabeau se contenta de lui faire un sourire qui se voulait rassurant. Après tout, c’était sa jeune sœur, il était normal qu’elle prenne soin d’elle, semblait lui dire son regard.

Ce fut Gyls, cette fois, qui ramena son frère à la réalité en lui tapotant l’épaule et en l’entraînant dans les escaliers. Ils devaient faire vite pour empêcher le feu de se propager. Les serviteurs et les soldats devaient être à pied d’œuvre à présent mais ce n’était pas une raison. Ysabeau les regarda donc un instant s’en aller de leur côté tandis qu’elle-même s’apprêtait à chercher Flora.


« Ysabeau. » entendit-elle comme un murmure. Elle tourna la tête dans tous les sens mais n’aperçut personne qui l’interpellait. Maintenant que la nouvelle s’était propagée, le château était comme une ruche en pleine activité. Les soldats comme les serviteurs allaient et venaient de toutes parts. Les premiers étaient alertés par les seconds pour aller prêter main forte pour éteindre l’incendie. Pas un ne semblait prêter attention à la Dame de Monval.


« Ysabeau. » entendit-elle de nouveau, plus fort lui sembla-t-il. Puis, elle crut discerner une silhouette qui lui faisait signe dans l’escalier qui montait vers le donjon. Des torches éclairaient le passage, elle ne pouvait donc mettre le manque de netteté de la silhouette sur le compte de l’obscurité. La jeune femme jeta encore un œil derrière elle mais tout le monde avait une tâche bien précise à accomplir et ne s’occupait pas de ce que leur maîtresse pouvait faire.


« Mère ? » hasarda-t-elle.


Comme si le fait de la nommer lui donnait plus d’emprise sur la réalité du monde, l’apparition se fit un peu plus précise.


« Ysabeau, hâte-toi. Je sais où se trouve Flora. »


Ysabeau ne se fit pas prier plus longtemps et se précipita à la suite de l’esprit. Elle savait que l’apparition n’était pas le fruit de son imagination. Contrairement à sa sœur, elle n’avait jamais rejeté les croyances de leur mère. Cette dernière, après la fin de sa vie mortelle, leur avait rendu visite à différentes occasions mais seule Ysabeau parvenait encore à la voir et à lui parler.

Elles grimpèrent ainsi jusqu’au chemin de ronde que les sentinelles avaient toutes déserté et coururent vers la tour de guet dont la porte était restée grande ouverte. L’esprit s’engouffra à l’intérieur et Ysabeau eut à peine le temps de la voir monter à l’échelle qui menait au sommet de la tour. Son sang ne fit qu’un tour en comprenant que c’était sans doute là que Flora avait trouvé refuge. Elle savait que c’était aussi le meilleur endroit pour contempler l’incendie.

Prenant son courage à pleines mains, soulevant le bas de sa robe qui la gênait un peu, Ysabeau commença à escalader l’échelle à son tour. Heureusement, la trappe au-dessus de sa tête était déjà ouverte. D’ailleurs, des cris, des ordres transmis des uns aux autres pour la plupart, commençaient à lui parvenir de l’extérieur. Il lui semblait entendre aussi le mugissement du vent qui s’était sans doute levé et qui devait attiser les flammes au grand dam de ceux qui cherchaient à éteindre l’incendie.


« Vite ! l’intima Émeline. J’ai l’impression qu’elle est fascinée par le feu. »


C’était sans doute plus facile pour un esprit de s’élever le long d’une échelle mais avec une robe qui entravait vos mouvements, cela représentait quelques difficultés. Ysabeau manqua à plusieurs reprises de se prendre les pieds dans l’étoffe et de louper un barreau. Tant bien que mal, elle parvint jusqu’au sommet. Son cœur battait la chamade de plus en plus fort, non tant par l’effort que par la crainte d’arriver trop tard. Elle avait malheureusement sa petite idée sur la raison pour laquelle Flora était montée jusque-là. Ce n’était certes pas pour admirer la vue ou assister au spectacle de l’église en flamme.


« Flora. C’est moi, Ysabeau. » s’annonça-t-elle en apercevant sa sœur qui se tenait trop près des créneaux à son goût. Juste à côté d’elle, le spectre de leur mère se tenait prêt à intervenir, même si cet effort serait parfaitement inutile. L’esprit lui parlait avec des mots de réconfort mais la jeune femme paraissait sourde aux paroles apaisantes et ne semblait même pas remarquer la présence de l’apparition. Elle se retourna, par contre, quand Ysabeau l’interpella.

Elle avait les larmes aux yeux et secoua la tête comme pour intimer à son aînée de ne pas aller plus loin. Le vent faisait claquer les volants de ses manches et soulevait des mèches rebelles de ses cheveux qu’elle avait pourtant nattés de façon serrée. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration que la peur rendait rapide. La peur et le désespoir. Voilà ce qui rendait Flora si malheureuse qu’elle en avait perdu le goût de vivre. Ysabeau l’avait compris depuis longtemps mais malgré tous ses efforts, elle n’était pas parvenue à aider sa petite sœur et le regrettait amèrement. Maintenant plus que jamais.


« Il ne fait pas très bon ce soir, ne serions-nous pas mieux près du feu à écouter la mandoline, tenta de la raisonner Ysabeau.


— Ne vois-tu pas tout le malheur qui nous frappe, ma sœur, lui répondit Flora sans à propos. Ne vois-tu pas que le Seigneur nous a abandonnés. Le Malin s’est rendu maître de nos terres, de nos cœurs et de nos destins.


— Flora, le Malin ne peut se saisir de nos cœurs que si nous le laissons faire. Tu sais ce que dirait Mathieu, si ta foi est plus forte alors le Diable ne peut rien contre toi.


— Tu ne peux pas comprendre, Ysabeau. Toi, tu as épousé l’homme que tu aimais et qui t’aimait. Moi, l’homme que j’ai épousé ne voyait en moi que la sœur de son véritable amour. Je lui ai malgré tout donné un fils. J’aimais cet enfant mais le Malin me l’a repris. Mon fils est mort, Ysabeau, et je suis déjà morte avec lui.


— Ne dis pas ça ! Ton époux t’aime. Il aimait votre enfant et il t’aime toi. Vous aurez d’autres enfants. Ils ne remplaceront pas le fils que vous avez perdu mais ils vous combleront de bonheur.


— Non. Thomas ne m’aime pas. Il est amoureux d’une autre femme et ce depuis toujours. Et tu le sais. Il n’a pas tant été heureux de revoir son frère que de te revoir, toi. Cela a toujours été ainsi et jamais rien ne changera. Si je disparais, tu pourras avoir les deux frères pour toi toute-seule, comme autrefois.


— Voyons, que racontes-tu là ! Je n’ai jamais aimé que Gyls. Je n’ai jamais éprouvé d’autres sentiments que fraternels envers Thomas. Qu’il ait pu être amoureux de moi autrefois ne change rien au fait qu’il est maintenant ton époux et qu’il s’inquiète pour toi. Il ne souhaite que ton bien et ton bonheur, j’en suis sûre. »


Pendant qu’elles échangeaient ces quelques mots, Ysabeau était parvenue à avancer de quelques pas et se trouvait maintenant à mi-chemin. Hélas, sa sœur s’était reculée et elle avait maintenant le dos tout contre un merlon. Tant qu’elle ne faisait pas l’effort d’escalader le créneau, elle ne risquait pas de tomber mais de là où elle se trouvait, Ysabeau doutait de pouvoir intervenir à temps si jamais il lui en prenait l’envie.


« Il est toujours amoureux de toi ! Je l’ai entendu le dire au Père Gaël. Le soir même où notre fils est mort. Quelques instants auparavant, ses pensées étaient toutes tournées vers toi. Pourquoi, crois-tu, en réalité, faisait-il la guerre à son frère ? Parce que Gyls t’avait épousé et que lui n’avait que la si fragile et si frêle petite sœur !


— Cesse de dire des sottises. Thomas s’inquiète pour toi. C’est lui qui a voulu et insisté pour que je reste auprès toi ces derniers temps. Nous avions été séparée toutes les deux depuis si longtemps qu’il espérait tu serais heureuse de me retrouver. Il ne pensait qu’à ton bien-être. Jamais il ne m’a fait la moindre avance ou dit un mot déplacé. Je puis t’assurer que tu étais au centre de ses préoccupations. »


L’esprit de Dame Émeline était toujours là. Elle se savait impuissante, aussi bien physiquement que par les mots. Flora ne la voyait pas ou ne voulait pas la voir, ce qui revenait quasiment au même. Elle regardait alternativement ses deux filles. Elle n’osait pas dire un mot de peur de détourner l’attention d’Ysabeau ou de laisser penser à Flora que sa sœur se désintéressait d’elle.

Soudain, un étrange sourire se dessina sur le visage de Flora, comme si elle venait de réaliser l’absurdité de ses actes. Elle leva les yeux vers Ysabeau pour la regarder bien en face. On pouvait toujours y lire une grande tristesse mais aussi tout l’amour qu’elle portait à sa sœur. La flamme d’une grande détermination venait également de s’y allumer.


« Ysabeau, je ne te l’ai peut-être jamais dit quand nous étions enfants mais je t’aime. Tu as plus été une mère qu’une sœur pour moi. Mère vivait dans un autre monde, un autre temps. Elle ne me comprenait pas. Et puis, il y a eu Mathieu. S’il n’avait pas décidé de devenir prêtre, peut-être aurait-il bien voulu m’épouser. Il était le seul à me comprendre. Il était le seul à vraiment m’écouter. »


Elle marqua une pause pour se retourner et commença à escalader le créneau. Ysabeau réalisa avec horreur qu’elle avait échoué à la raisonner. Elle savait que si elle tentait quelque chose maintenant, elle ne ferait que précipiter les événements. Flora sembla hésiter un instant et s’adossa contre le merlon avant se tourner une nouvelle fois vers sa sœur.


« André m’attend. Il a encore besoin de moi. Dis à Thomas que j’avais fini par l’aimer. »


 Sur ces mots, Flora se laissa basculer dans le vide tandis qu’Ysabeau s’élançait pour une tentative désespérée pour la rattraper.

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

E
<br /> merci pour ce partage quel courage de ce lancer dans le vide bonne nuit bisous evy<br />
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