16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 18:25

 

 

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Le Sacrifice du Dragon

 

de

 

Laurent "Dragon" Royer

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 12

 

 

       

 

 

Le puits se trouvait à proximité de l’église, sur la place principale, mais on avait eu tôt fait de se rendre compte que le feu avait pris à plusieurs endroits et se propageait rapidement. Il avait donc fallu organiser autant de chaînes humaines que possible. Le problème était que l’on n’arrivait pas à puiser suffisamment de sceaux que nécessaire. Le puits était censé desservir tout un village et on pouvait aisément y plonger quatre à cinq sceaux à la fois mais c’était de les remonter qui prenait le plus de temps.

Il y avait un autre puits dans la cour du château. Plus petit et surtout plus éloigné, il fut pourtant décidé de le mettre à contribution. Une longue file improbable se constitua jusqu’au château. Bientôt les deux premiers sceaux commencèrent à progresser le long de la chaîne mais quand le premier arriva à destination, il était au trois-quarts vide. Au fur et à mesure qu’ils étaient passés d’une personne à une autre, de l’eau s’en échappait inévitablement.

Les autres n’obtenaient pas forcément un meilleur résultat selon qu’ils devaient amener l’eau sur le côté de l’église. Prendre de plus grandes précautions signifiait forcément perdre du temps et laisser le feu gagner du terrain. De toute façon la lutte semblait inégale. Les flammes léchaient goulument la moindre parcelle de bois qu’elles rencontraient, s’y agrippaient comme des sangsues et continuaient leur progression. La fumée noircissait la pierre que la chaleur rendait dangereusement friable. Les vitraux commençaient à se fissurer quand ils ne s’étaient pas déjà déchaussés de leur gangue de plomb. Plomb qui coulait par endroit et grésillait au contact de la pierre chaude.

Régulièrement, on effectuait une rotation dans la file. Ceux qui se trouvaient au plus près des flammes partaient se reposer quelques minutes avant de remplacer ceux qui puisaient. Ces derniers se reposaient un peu également avant de prendre place dans la file et ainsi de suite. Malgré toute la bonne volonté dont il avait été fait preuve, le feu était en passe de remporter la bataille. L’église n’était plus qu’une immense torche qui illuminait le château et les demeures alentours.

Gyls, qui n’avait eu de cesse de déverser de l’eau tant et plus, recula de quelques pas. Il fallait se rendre à l’évidence, l’église était bel et bien perdue. Maintenant, il était impératif de contenir l’incendie, sinon ce serait le village entier qui serait détruit. Une autre préoccupation lui taraudait l’esprit mais il était probablement déjà trop tard. Il se demandait si Mathieu avait réussi à s’échapper de l’église à temps. Il ne l’avait pas aperçu parmi les sauveteurs mais il ne pouvait jurer de rien.

Thomas, aussi épuisé que lui, vint se placer à ses côtés. Il secouait la tête en affichant un air abattu et défait. D’un simple regard, il comprit ce à quoi Gyls songeait :


« Je ne l’ai pas vu et il semble que personne ne l’ait aperçu non plus, dit-il d’un ton las. Il n’est pas impossible qu’il ait voulu défendre la Demeure de Dieu jusqu’à la fin.


— Ce serait bien de Mathieu. Malheureusement, nous ne pouvons sans doute rien faire de plus. Il faut maintenant faire en sorte que le feu ne se propage pas. »


Thomas hocha de la tête en assentiment. Le feu était l’un de ces fléaux contre lesquels il était difficile de lutter. On ne pouvait bien souvent que limiter les dégâts qu’il occasionnait. À cet instant, il ne pouvait s’empêcher de songer que ce terrible événement venait s’ajouter à tous ceux qui les frappaient de plein fouet, à son frère et lui, depuis quelques semaines. Il ne put réprimer l’horrible sensation que ce n’était pas le dernier, que d’autres allaient encore se produire.

Il se rendit compte qu’il avait la gorge sèche et les yeux qui lui piquaient. Il plongea les mains dans un baquet d’eau que l’on avait laissé à la disposition des sauveteurs pour qu’ils se désaltèrent et but quelques gorgées avant de s’asperger le visage. Gyls en fit autant et quand il se redressa, il s’adressa à son frère, d’un ton résigné :


« Bien, puisque l’église est perdue, sauvons le village. Ce qu’il faut avant tout, c’est mouiller la chaume qui recouvre les maisons aux alentours. C’est par là que le feu peut prendre le plus facilement.


— Certes. Je pense néanmoins qu’il faut continuer à asperger l’église. Nous ne parviendrons sans doute pas à éteindre l’incendie mais cela aidera à l’y contenir et donnera du temps à ceux qui s’occuperont des maisons.


— Je suis d’accord. Occupe-toi de l’église, je m’occupe du village. Vous prendrez l’eau du puits de la place ; mes gens et moi utiliserons celui du château. »


Soudain, ils entendirent une exclamation générale provenant de ceux qui se trouvaient face aux portes de l’église. Comme un seul homme, les deux frères pivotèrent dans cette direction pour mieux voir. Les portes qui étaient déjà la proie du feu étaient ouvertes en grand maintenant. Une silhouette se détachait dans l’embrasure et semblait elle aussi faite de flammes.


« Seigneur Dieu Tout Puissant ! cria-t-on. C’est Philippe ! »


Gyls et Thomas se rapprochèrent en courant. L’homme se tenait debout devant les portes, les bras écartés. Contrairement à ce que l’on avait pu croire au premier abord, il ne brûlait pas mais il tenait des torches embrasées dans chaque main. Alors que quelqu’un cherchait à s’approcher de lui, peut-être pour lui porter secours, il le maintint en respect en le menaçant d’une de ses torches.


« Allez-vous en ! cria-t-il impérieux. Fuyez loin d’ici C’est la demeure du Diable. Elle doit être détruite.


— Philippe ! C’est toi qui a mis le feu ? » demanda Gyls, décontenancé par la tournure que prenait la situation.


Il se doutait bien de la réponse et concevait la futilité de sa question mais sur l’instant, c’était tout ce qui lui était venu à l’esprit. Thomas, toujours à côté de lui fit mine de tirer son arme avant de se rendre compte qu’il ne l’avait pas avec lui. Gyls remarqua son geste et lui fit non de la tête. Le mal était déjà fait et il serait toujours possible d’intervenir à temps si Philippe tentait une autre action désespérée.


« La mort de Anne est une tragédie qui nous a tous affectés, reprit Gyls, tout en faisant quelques pas vers le forcené. Nous comprenons ta peine mais ce n’était pas une raison pour brûler l’église. Tu n’as pas fait de mal au Père Mathieu, n’est-ce pas ? Est-il toujours vivant ?


— C’est le serviteur du Malin. C’est lui qui a aveuglé ma si gentille Anne. Qu’il meure ! Qu’il aille brûler en enfer, auprès de son maître ! Il prétendait prêcher la Parole de Dieu mais il ne faisait que souffler les mensonges du Diable.


— Allons, Philippe, lâche ces torches. C’est la peine et la colère qui t’aveuglent et te font agir ainsi. Le Père Mathieu croyait sincèrement qu’Anne avait vu la Vierge. Ton épouse était d’une très grande piété et ne pouvait mentir. Il est certain qu’elle aussi a été trompée et qu’elle a été la première victime de cette tromperie. Regarde, le Père Mathieu tenait à lui donner la sépulture chrétienne qu’elle méritait.


— Ce sont là les preuves qu’il a toujours été au service du Diable, rétorqua Philippe avec véhémence. Après avoir perverti l’âme de mon épouse, il allait profaner une terre consacrée. Par sa présence, il a corrompu ce lieu sacré. Seul le feu peut le purifier. Il en sera de même de la dépouille de ma femme. Ainsi, elle sera libérée du mal ! »


Gyls était à court d’arguments. Plus il cherchait à raisonner Philippe, plus il perdait de précieuses minutes. L’incendie prenait de l’ampleur et n’allait plus tarder à gagner les demeures voisines. Le seigneur de Monval se souvint justement que l’une d’elle était celle de Philippe et de sa femme. Cependant, il doutait qu’en faire mention ferait reprendre ses esprits au forcené.


« Il a perdu l’esprit, Gyls, souffla Thomas au creux de son oreille. Si nous n’intervenons pas, nous courons à la catastrophe. »


Gyls acquiesça de la tête ; il en était arrivé à la même conclusion. Par ce simple geste, Thomas comprit que son frère voulait qu’il donne les ordres qui s’imposaient. Il recula doucement vers la pénombre pour que Philippe ne le voie pas courir vers le château. Il ne pouvait demander aux hommes qui se trouvaient tout près d’intervenir, cela ne ferait qu’éveiller les soupçons du dément. Et puis, de toute façon, personne n’avait emporté d’armes avec soi. De plus, pour éviter d’aggraver la situation, un tir d’arbalète serait le meilleur moyen de l’arrêter.


« Philippe, écoute-moi, dit Gyls pour tenter de renouer le dialogue et surtout pour gagner du temps car, tout comme son frère, il ne croyait plus en une issue moins fatale. Il est normal que tu ressentes de la peine pour la disparition de ta femme. Il est normal que tu sois en colère à cause de la façon dont c’est arrivé.


— Normal, seigneur ? Vous trouvez normal que ma femme prétende voir la Vierge et que le prêtre qui nous rabâche que les esprits n’existent pas la croit. Mon père, lui, était convaincu que la forêt était habitée par des Esprits et qu’il avait pu parler à son propre père qui avait rejoint depuis longtemps le royaume des morts. Le père Sébastyen, d’abord, puis le père Mathieu, ont dit que ces esprits n’existaient pas, qu’ils étaient des artifices créés par le Malin pour nous tromper et nous entraîner en Enfer. Mais quand une femme qui avait été élevée dans la plus dévotion de Dieu se met à voir un Esprit qui prétend être la Sainte Vierge, là, il ne conteste pas. Au contraire, il la conduit jusqu’au lieu du sacrifice ! Alors, mon seigneur, croyez-vous sincèrement que tout ça soit normal ! »


Philippe s’était exprimé avec véhémence, agitant les bras, et les torches à leur extrémité, avec force et grands gestes. La fureur qui lui déformait les traits du visage lui donnait aussi un air réellement démoniaque. Les badauds, pourtant à bonne distance, reculèrent de quelques pas comme s’il allait se mettre à leur foncer dessus et mettre le feu à tout ce qui se trouverait sur son passage, être vivant ou demeure.

Gyls n’osait pas le quitter des yeux, pas même pour s’assurer que Thomas était de retour avec du renfort. Pourtant, du mouvement qui semblait provenir du côté du cimetière qui était encore épargné par l’incendie, attira son attention. Une silhouette difforme et imposante commença s’en détacher dans la semi-pénombre. Il réalisa alors qu’il s’agissait d’une personne qui en soutenait une autre.


« Philippe, mon fils… dit-on d’une voix enrouée, entre deux quintes de toux, le Malin nous a tous trompés… Et il continue de se servir de toi pour accomplir son œuvre… »


Le père Mathieu était à bout de souffle et toussa encore longuement avant de pouvoir reprendre sa respiration. Il s’appuyait contre Thibault qui était lui aussi secoué de quintes de toux. Comme tout le monde restait pétrifié face à cette nouvelle apparition, Gyls fut le seul à venir leur prêter main forte. Il aida Thibault à faire asseoir le Père Mathieu et lui donna de l’eau à boire.


« Philippe, dit encore le prêtre, pourtant épuisé, c’est bien pour éviter au Diable de s’emparer de l’âme de ta défunte épouse que j’ai tenu à ce qu’elle ait droit à une sépulture digne de sa dévotion passée… »


Les yeux révulsés, Philippe regardait le prêtre comme s’il avait enfin la preuve que Mathieu qui se prétendait homme d’église n’était en réalité qu’un démon. Qui, ou plutôt quoi, d’autre aurait ainsi pu échapper aux flammes sinon une créature du Malin.


« À présent que tu as détruit la maison de Dieu, et pire que tu as réduit en cendre la dépouille mortelle de ta femme, je ne vais plus pouvoir accomplir les rites sacrés et permettre à son âme de s’élever auprès du Seigneur. Tu viens de la condamner aux tourments éternels de l’Enfer. »


Gyls se tourna vers son cousin avec une expression horrifiée sur le visage. Peut-être était-ce parce qu’il venait d’échapper à une mort certaine qu’il n’avait pas les idées très claires. Si son intention était de ramener Philippe à la raison, de l’apaiser, son discours n’allait qu’envenimer la situation. C’était comme s’il venait de jeter lui-même un sceau d’huile pour éteindre l’incendie.


« Vous ne comprenez pas, rétorqua Philippe presque calmement. Dès qu’elle a mis les pieds dans cette église, ma femme a pénétré en Enfer. Et puisque c’est là que se trouve son âme, il ne me reste plus qu’à l’y rejoindre ! »


Joignant le geste à la parole, sous le regard stupéfait et incrédule de seigneur de Monval, de son cousin et de tous les spectateurs, Philippe laissa tomber les torches qu’il tenait avant de se tourner sur lui-même et de s’enfoncer dans le gigantesque brasier qu’était devenu l’église. Gyls faillit s’élancer pour l’en empêcher mais on l’attrapa par les épaules pour le retenir. La poigne était incroyablement ferme et quand il regarda derrière lui, s’attendant à voir Thomas, il fut surpris de faire face à Thibault.


« Vous ne pouvez plus rien pour lui, seigneur, dit le jeune homme. Il ne veut pas être sauvé. Quoi que vous puissiez dire, le Père Mathieu ou vous, il a déjà pris sa décision. »


Gyls contempla le jeune homme comme s’il le voyait pour la première fois. L’adolescent qui manquait d’assurance et qui était revenu mort de peur de la ferme du Grand Paul avait visiblement disparu. Il s’était métamorphosé. L’homme qu’il s’apprêtait à devenir était déjà en train de faire surface.

Et comme si le destin avait décidé de clore le dernier chapitre de cette sordide histoire, une poutre céda et barra le passage en s’écroulant en travers de l’entrée. Soudain, un cri, un mélange de terreur et de douleur, s’éleva derrière le rideau de flammes. Ce n’était pas un simple cri. C’était un nom : « Anne ». Philippe s’apprêtait à rejoindre son épouse pour l’éternité. Puis, brutalement, un lourd silence s’installa, seulement troublé par le crépitement des flammes et le craquement du bois.

Gyls se sentait à bout de forces. Il avait l’impression que quoi qu’il fasse, la fatalité se jouait de lui. Les événements tragiques se succédaient les uns après les autres et lui demeurait impuissant à les empêcher de se produire. Il était le seigneur de Monval et il était censé protéger son peuple. On massacrait une famille tout entière, une femme mourrait en buvant de l’eau, l’église du village brûlait et un homme s’immolait dans les flammes. Si l’on ajoutait l’invasion des rats à Piéval et la mort de son neveu et de sa nourrice, le malheur n’avait eut de cesse de frapper les deux domaines.


« Thibault, prends des gens avec toi, finit par ordonner Gyls, non sans amertume, et occupez-vous de protégez les maisons en mouillant la chaume des toits pour commencer. L’église est perdue mais nous devons protéger le village. »


Mathieu continuait de regarder en direction des portes de l’église. C’était par là que Philippe s’était jeté dans les flammes. Les questions qui l’avaient taraudé un peu plus tôt dans la soirée, avant que le jeune Thibault ne vienne le trouver, lui revinrent alors en mémoire. Et elles lui paraissaient encore plus d’actualité, à présent. Est-ce que Dieu les avait abandonnés ? Est-ce que le Tout Puissant les mettait à l’épreuve ? Ou, pire, étaient-ils tous maudits ?

Gyls n’était pas certain de vouloir laisser Mathieu tout seul en cet instant. Il fixait le feu sans le voir et secouait la tête de gauche à droite en un signe de dénégation comme en réponse à de sombres pensées. Il aurait aimé que quelqu’un puisse emmener le prêtre au château mais il était vraiment urgent d’organiser les secours ici, au village. D’ordinaire, il s’adressait à Nicolas mais celui-ci s’occupait du groupe qui acheminait l’eau du puits du château. Heureusement, Thibault s’était trouvé présent.

En vérité, le jeune homme avait fait montre d’un grand courage en sortant Mathieu de l’église en feu. Gyls sentait qu’il pouvait lui faire confiance ; ce qu’il avait lu dans son regard l’avait rassuré. Il savait qu’il prendrait rapidement les choses en main et de façon efficace. Il ignorait quand la transformation s’était faite mais elle état bienvenue en cet instant.

Ce qui l’inquiétait maintenant, c’était que Thomas n’avait toujours pas reparu. Il était trop tard, naturellement et le résultat n’était guère très différent finalement. Peut-être qu’il avait assisté à la scène et qu’il avait opté lui aussi pour l’urgence en envoyant les soldats et les serviteurs protéger les demeures. Pourtant, il avait l’impression que plus personne ne faisait d’aller-retour entre le village et la cour du château, même la file avait disparu. Il se faisait peut-être des idées…

Soudain, il vit surgir un cavalier par l’entrée de la cour. Il talonnait l’animal pour qu’il prenne le galop. Il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre le seigneur de Monval. Il s’agissait justement de Nicolas, le chef des gardes. Dès qu’il aperçu Gyls, il tira brusquement sur les rênes et il manqua de faire une chute tandis qu’il démontait trop vite. Le brasier de l’église n’était pas pour rassurer sa monture mais il semblait s’en moquer éperdument. A priori, ce qu’il avait à dire à son seigneur pouvait attendre :


« Seigneur Gyls… Il s’est passé quelque chose de terrible au château… »


Nicolas paraissait réellement bouleversé. Il donnait l’impression de ne pas savoir comment annoncer la nouvelle. Le cœur de Gyls se mit à battre à tout rompre. Puis ses pensées se tournèrent vers Ysabeau. Il se retint de secouer le malheureux pour le faire parler plus vite mais l’expression de son visage signifiait clairement qu’il n’attendrait pas beaucoup plus longtemps.


« Votre frère… Heu… C’est Dame Flora, mon seigneur…


— Et bien quoi à la fin ! Nicolas, dis-moi ce qui est arrivé !


— Dame Flora s’est jetée du haut d’une tour, mon seigneur. Elle est morte. »


Gyls eut comme la sensation que le sol s’ouvrait sous ses pieds et qu’il tombait dans un abîme sans fond. Cela ne s’arrêterait donc jamais ? Pourquoi le sort s’acharnait-il sur leur famille, sur leurs domaines ? Dieu les mettait-Il à l’épreuve et pour quelle raison, au juste ? Satan avait-il décidé de les tourmenter ? Ou bien, y avait-il un ennemi dont ils ignoraient encore tout ? Un événement tragique en entraînait un autre et le tout semblait former un cercle vicieux dont ils ne pourraient plus s’en sortir. Il ferma les yeux un instant avant de les rouvrir comme s’il venait de reprendre contact avec la réalité et qu’il réalisait enfin ce dont on venait de lui annoncer.


« Et Ysabeau ?.. osa-t-il à peine demander.


— Dame Ysabeau était sur la tour avec sa sœur. Elle a cherché à la raisonner, d’après ce qu’elle a dit à votre frère mais elle s’est quand-même précipitée dans le vide. »


Sans qu’ils n’ajoutent un mot, ni l’un ni l’autre, Nicolas tendit les rênes de sa monture à son seigneur. Gyls ne se souvint pas de l’avoir remercié tandis qu’il partait au galop vers le château. Thomas devait être anéanti. Il venait de perdre son fils et voilà que son épouse se donnait la mort. Quant à Ysabeau, c’était sa sœur qui la quittait. Elle aussi, elle aurait besoin de sa présence pour surmonter cette nouvelle épreuve.

 

 

 

 

 

 

 

 

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