26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 12:29

 

 

sd2.jpg 

 

Le Sacrifice du Dragon

 

de

 

Laurent "Dragon" Royer

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 5

 

 

       

 

La garde était parvenue à se frayer un chemin au travers la foule des gens de cuisine. Les hommes, armées de hachoirs, avaient visiblement tenté de contrer l’invasion mais en vain. Quelques uns présentaient de vilaines plaies aux mains, mordus par les rats qui avaient défendu chèrement leurs vies. Les femmes se pressaient contre les murs, les mains devant le visage tout en cherchant à ne rien perdre du spectacle.

Thomas écarta les gêneurs sans le moindre ménagement, leur tirant des protestations véhémentes jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’il s’agissait de leur seigneur. Il n’y prêta aucune attention de toutes façons et rejoignit le chef de ses hommes qui se tenait à l’entrée des cuisines. Les gardes taillaient et tranchaient dans la masse, éclaboussant de sang murs, meubles, ustensiles et victuailles sans distinction.

Le serviteur qui était venu le chercher n’avait pas menti. Thomas pouvait voir de ses propres yeux combien la salle, pourtant grande, grouillait littéralement de rongeurs. Il y avait partout, que ce soit sur le sol où nul humain ne pouvait plus mettre les pieds,  que sur les tables et les étagères. Ils allaient jusqu’à occuper les récipients qui avaient sans doute contenu légumes, viandes et farines.

L’entente des créatures entre elles n’étaient guère cordiale, elles se chamaillaient le moindre morceau de lard, la moindre épluchure. Celles qui fuyaient la lame des hommes venus les chasser étaient mordues par leurs congénères qui ne voulaient pas céder un pouce de terrain. Ainsi bloquées, elles se retournaient et tentaient de mordre leurs agresseurs ou bien de fuir par un autre côté.

Thomas s’était emparé d’une arme et s’était joint à la mêlée ; il ne serait pas dit que le seigneur de Piéval était un lâche. Mais alors que ses hommes et lui en tuaient encore et encore, la salle ne semblait pas désemplir, bien au contraire. Des dizaines et des dizaines de rats affluaient par les ouvertes qui servaient normalement à évacuer les déchets. Le plus étrange, remarqua Thomas, c’était qu’ils donnaient l’impression de fuir quelque chose. À chaque fois que l’on cherchait à les repousser par ce côté, ils préféraient l’affrontement et la mort plutôt que de repartir par où ils étaient entrés.

Oui, quelque chose de difficile à déterminer précisément laissait penser que ces bêtes n’avaient pas été attirées par la nourriture, poussées par la faim. C’était à croire qu’elles étaient tout simplement comme prises de folie. Ou de panique. C’était comme si elles cherchaient à se réfugier entre les murs du château. Et pourtant, elles ne cherchaient même pas à s’éloigner des cuisines. Certes, elles mangeaient et dévoraient tout ce qu’elles trouvaient mais elles se comportaient de façon fébrile.

Il y avait maintenant tellement de ces bêtes qui se montaient les unes sur les autres qu’elles en arrivaient à la hauteur des genoux. Tout à coup, l’un des soldats tomba à la renverse, sas doute après avoir glissé sur une flaque de sang. Il n’eut pas le temps de se relever qu’il se trouva submergé. Il tenta bien de se débattre et de se débarrasser de tous ces rongeurs qui l’assaillaient mais sans y parvenir. Ses cris de douleur furent terribles à entendre mais ne durèrent pas. L’un de ses compagnons le plus proche chercha à le rejoindre mais c’était comme progresser dans la plus épaisse des mélasses. Quand enfin, il parvint à l’endroit où il se trouvait, l’homme n’était plus qu’un amas de chair sanguinolent, méconnaissable, en grande partie dévoré.


— Des torches ! s’écria Thomas. Amenez des torches ! Vous autres, battez en retraite, ordonna-t-il en se tournant vers chacun de ses hommes. Nous n’arriverons à rien de cette manière, ils sont bien trop nombreux.


Une fois arrivé à proximité de la sortie, Thomas se campa sur ses jambes et continua à taillader dans la masse grouillante de la vermine tandis que ses hommes regagnaient la sécurité relative du couloir. Quand le dernier d’entre eux l’eut dépassé, il sortit à son tour. Il avait les muscles des bras endoloris, sans compter les multiples morsures qui lui entaillaient les mains et les doigts et qui commençaient à le faire souffrir. À bout souffle, il se demandait si au la mêlée sur les champs de bataille le laissait dans un tel état d’épuisement.


— Sylvain, prends deux hommes avec toi, dit-il en s’adressant au chef des gardes qui paraissait aussi épuisé que lui. Allez voir à l’endroit où sont déversés les détritus, regardez s’il y a d’autres rats et si, comme je le crois, ils fuient quelque chose.


L’homme paru un peu surpris car, visiblement, il n’avait pas remarqué ce que son seigneur semblait avoir vu. Cependant, il ne protesta pas et fit signe à deux autres de le suivre. C’était deux gardes que l’on avait fini par aller chercher et qui n’avaient pas pris part au massacre. Depuis combien de temps ils étaient arrivés, ni Thomas ni Sylvain ne le savaient. Le chef des gardes avait juste constaté qu’ils étaient restés là, figés comme des statues de marbre, les bras ballants. Non seulement, ils étaient plus frais mais si jamais ils devaient encore affronter la vermine, il allait leur faire passer l’envie de jouer les couards.


— Toi, fit Thomas en se tournant vers un des cuisiniers, va chercher de la poix. Et emmène tous ces gens loin de là ! Qu’ils apportent des baquets d’eau. Beaucoup.


— Vous n’allez pas mettre le feu aux cuisines, seigneur ! s’écria quelqu’un près de lui. C’est de la folie !


— Comme je ne peux les noyer, c’est le seul moyen de chasser cette vermine. Les murs sont épais et ils résisteront aux flammes. Et puis, je veux juste les repousser par là où ils sont venus. Je n’ai pas l’intention d’incendier le château tout entier.


C’était un phénomène vraiment étrange. Il avait la conviction que les rats fuyaient une chose qui les affolait à l’extérieur et pourtant, ils restaient cantonnés à la cuisine. Ou alors… Ou alors, c’était, à l’inverse, quelque chose qui les attirait tout en les rendant fous et qui se trouvait dans les cuisines. Plus fort que leur volonté ou même leur instinct de survie, ils ne parvenaient pas à s’en éloigner comme s’ils devaient protéger cette chose au péril de leur vie, comme des chevaliers protègeraient leur seigneur, ou même leur roi, jusqu’à la mort.

Dans cette masse grouillante, il était difficile de savoir de quoi il s’agissait. Peut-être, aussi, que ce qui les attirait ici avait été répandu un peu partout dans la salle. Ce qui voulait également dire que la présence de ces rats n’était peut-être pas dû à la fatalité mais qu’une, ou des, personnes malveillantes avaient trouvé le moyen d’attirer la vermine sur son domaine, d’abord dans les caves et les greniers et puis maintenant dans le château.

Thomas avait du mal à croire à sa propre théorie tellement elle paraissait invraisemblable mais d’après ce qu’il voyait là, il ne pouvait en être autrement. Il ne pouvait y avoir d’autres explications. Il en était d’autant plus persuadé qu’il était peu enclin à croire aux démons et aux mauvais esprits ou même à une intervention divine ou maligne. L’invasion des rats était née d’un acte volontaire, visant à nuire au Domaine de Piéval. Il écarta aussitôt l’idée que cela puisse être l’œuvre de Gyls. Seulement, il ignorait qui en était à l’origine et comment cela était seulement possible.

Le cuisinier revint avec deux sauts de poix et il était suivi par trois autres personnes qui portaient elles-mêmes pareilles charges. Quant aux torches, ils n’avaient pas à aller loin pour les trouver. Plusieurs servaient à éclairer le couloir ; il n’y avait qu’à se servir. On attendit malgré tout le retour des serviteurs chargés d’aller chercher de l’eau. N’attendant plus que l’ordre de leur seigneur, deux hommes se tenaient prêts à asperger les rats avec la poix. Deux autres se tenaient derrière eux, avec des torches pour enflammer la vermine.


— Seigneur ! Seigneur !


C’était Sylvain qui revenait et il courait comme le Diable était apparu devant lui. Son visage témoignait de la vision horrible qu’il venait d’avoir. Sans même prendre le temps de recouvrer son souffle, il dit :


— Seigneur, les rats… les rats viennent de partout. Ils sont… ils sont dans les rues du bourg. Ils grimpent le long de murs et s’introduisent ici dans le château. Mais pas seulement dans les cuisines… On en a vus qui montaient le long du donjon, mon seigneur… Je crois que j’en ai aperçu qui passaient par la fenêtre de vos appartements…


Thomas sentit son sang se glacer. Flora et leur fils, André, à peine âgé de quelques mois, dormaient là-haut. Et si la présence des rats dans les cuisines n’avait été qu’une diversion ? La peur serra son cœur. Un peu plus tôt, il avait reconnu devant le Père Gaël qu’il était toujours épris d’Ysabeau, la sœur de son épouse et la femme de son frère. Même s’il n’éprouvait pas des sentiments aussi forts pour Flora, il l’appréciait beaucoup. Elle lui avait même fait don d’un héritier. Et l’un et l’autre étaient en danger. Il ne pouvait les abandonner à ce sort tragique.

Sans plus hésiter une nouvelle seconde, il se précipita vers les escaliers qui montaient vers la grand-salle et de là donnaient sur l’entrée du donjon. Il ne se donna pas la peine de regarder derrière lui pour savoir si ses hommes le suivaient. Le sang battait fort à ses tempes. La lame de son épée lui cognait contre la cuisse mais c’état à peine s’il en sentait le poids. C’était comme la fatigue qu’il avait ressenti un peu plus tôt après avoir affronté la vermine, elle avait totalement disparu.

D’autres sentiments commençaient à naître au plus profond de lui-même. La colère et la rage menaçaient de submerger sa raison. Des années durant, il s’était toujours montré plus véhément que son frère, toujours prompt à s’enflammer à la moindre injure ou à la plus petite provocation. Cette attitude colérique était quasi légendaire mais depuis qu’il avait pris la succession de son beau-père et surtout après toutes ces années d’incessantes batailles, il s’était fortement assagi même si personne ne s’en était encore rendu compte.

Cette fois, cependant, ce n’était pas lui qui était directement atteint. Les vies de son épouse et de son enfant étaient menacées et peu importait que l’on cherche à l’atteindre lui à travers cette menace. Il était hors de question que l’on fasse du mal aux siens. Il trouvait ignoble et répugnant que l’on puisse s’en prendre à de parfaits innocents. Il était un homme d’honneur, quoi que l’on pense de lui.

Alors qu’il traversait la grand-salle en courant, il entendit qu’on l’interpellait :


— Thomas ! Thomas, que se passe-t-il ?


Il s’arrêta net, un fol espoir lui faisant batte le cœur plus fortement dans la poitrine. Flora se tenait là, près du Père Gaël qui la tenait par les épaules. Elle ne portait qu’une simple robe de lin ainsi qu’un châle de laine jeté sur les épaules et qu’elle tenait serré sur sa poitrine d’une main. Ses cheveux étaient encore défaits. Jamais elle ne lui avait paru plus frêle et plus fragile. Il ne put s’empêcher de remarquer la pâleur de son visage et ses yeux rougis comme si elle avait pleuré.


— André ? s’enquit-il aussitôt s’apercevant qu’il ne voyait nul berceau, ni nourrice berçant l’enfant. Où est André ?


— André ? Il dort dans nos appartements. Ne te trouvant pas à mes côtés, à mon réveil, je suis descendue voir où tu étais. Un serviteur m’a dit que des rats ont envahi les cuisines. Qu’en est-il ? Est-ce exagéré ?


— Notre fils est toujours là-haut, dis-tu ? éluda Thomas, trop inquiet pour relater les événements.


D’ailleurs, sans attendre de réponse, il s’élança vers le couloir qui donnait sur l’entrée du donjon, tirant sa lame au clair.


— Thomas ! s’écria Flora, soudain inquiète à son tour.


Elle tenta de s’élancer derrière son époux, aussitôt suivie par le prêtre qui, en réalité, cherchait plutôt à la retenir car il l’attrapa par le bras et la tirait déjà en arrière. Elle se débattit quelque peu puis renonça avant de fondre en sanglots dans ses bras. Thomas ne s’était pas retourné mais il avait tout de même entraperçu la scène et en remercia intérieurement le Père Gaël ; il ne pourrait veiller à la sécurité de son épouse et affronter les rats en même temps.

Il s’engouffra dans l’escalier qui menait à leurs appartements. Ils se situaient au deuxième niveau du donjon. Le premier abritait les chambres des enfants bien que pour l’instant ils n’en avaient qu’un et qu’il n’était qu’un nourrisson. Comme sa mère devait le nourrir régulièrement, y compris la nuit, en lui donnant le sein, quoiqu’elle fasse de plus en plus appel à une nourrice pour cela, l’enfant dormait donc dans les appartements de ses parents. L’une des chambres en-dessous était cependant occupée par la nourrice pour qu’ils n’aient pas à la faire venir de l’autre bout du château.

Alors que Thomas atteignait justement le premier niveau, il commença à entendre le couinement des rats. Et d’après ce qu’il pouvait en déduire, ils étaient plutôt nombreux. Par contre, ni cris ni pleurs qu’auraient pu émettre l’enfant ne lui parvenaient. Il espérait que la nourrice avait été alertée et qu’elle était montée s’occuper du petit garçon. Il avait encore en mémoire ce que ces maudites créatures avaient fait à l’homme qui était tombé dans les cuisines. Il ne pouvait s’empêcher de songer au pire.

Il allait héler la nourrice, dont il avait oublié le nom, quand il vit les premiers rats. Ils avaient déjà envahi les marches qui menaient au second. Une fois de plus, Thomas eu l’impression qu’ils ne dépassaient pas sciemment une certaine limite. Peut-être était-ce son imagination qui lui jouait des tours mais il lui semblait percevoir comme une lueur de folie dans leurs yeux. Dès qu’ils le virent, quelques-uns se dressèrent sur leurs pattes arrière et manifestèrent une véritable hostilité en montrant les dents et en crachant.

L’étroitesse du passage ne permettait pas de donner de grands coups d’épée mais n’empêchait pas de les transpercer de front. Mais pour un rat que le châtelain tuait, deux autres prenaient sa place. À ce rythme, Thomas avec conscience qu’il ne parviendrait jamais à dépasser la première marche. Il commençait à regretter de ne pas s’être armé d’une torche dans sa précipitation quand il réalisa que l’escalier était éclairé. Il recula de quelques pas et s’empara de l’une de celles accrochées au mur.

Aussitôt, quand le seigneur présenta les flammes à leurs museaux, les vermines reculèrent ou s’écartèrent affolées, libérant juste ce qu’il fallait de passage. Sans la moindre hésitation, Thomas s’y engouffra et commença à grimper jusqu'à l’étage. Quelques bestioles trouvèrent assez de courage pour lui mordre les mollets ce qui l’obligea à faire des mouvements circulaires avec la torche et le ralentit. Atteignant, pour finir, l’étage de ses appartements, il attrapa deux autres torches qui marquaient l’ouverture de l’escalier et les jeta un peu plus loin devant lui. La réaction des rats ne se fit pas attendre : ils s’éloignèrent de la source de danger en protestant. Thomas nota alors qu’ils paraissaient bien moins nombreux à ce niveau. Mais cette fois, il entendit des pleurs et les cris hystériques d’une femme. Cela ne pouvait provenir que de la chambre seigneuriale vers laquelle il se précipita.

Comme il pouvait de nouveau se servir de son arme, il ne s’en priva pas. Il élargit le chemin déjà ouvert par les torches jusqu’à la chambre en balayant les rats les plus téméraires avec le tranchant de son épée tandis qu’il se hâtait. La porte était restée grande ouverte et le spectacle qui se dévoila à ses yeux lui souleva le cœur. Tout comme dans la cuisine, les rats étaient partout, par terre, sur le lit, sur les coffres où l’on rangeait les vêtements. Ils avaient même envahis le berceau dans lequel le petit garçon aurait dû se trouver.

Thomas imaginait fort bien ce qui avait dû se passer : la nourrice s’était réveillée, peut-être alertée par les pleurs du bébé, et était montée voir si la mère avait besoin d’aide ou si le nourrisson désirait téter. Elle avait probablement vu les rats et n’écoutant que son courage, elle était partie au secours de l’enfant. Très vite, elle avait dû se retrouver cernée par la vermine et ne pouvant regagner les escaliers, elle avait fini par être acculée contre un mur. Mur dont les deux grandes fenêtres donnaient directement sur la cour du château, dix mètres plus bas. Heureusement, les rats ne s’étaient pas introduits par là mais par les deux autres fenêtres, plus petites, percées dans le mur qui donnait sur l’enceinte extérieure.

D’autres continuaient, d’ailleurs, d’entrer, augmentant la pression que leurs congénères exerçaient sur la nourrisse. Désireuse de leur échapper, celle-ci venait de grimper sur le rebord de la fenêtre, serrant fort le nouveau-né dans ses bras. Elle ne pouvait plus reculer, sinon la chute serait fatale. Apparemment, elle ne trouvait plus le courage d’affronter les rats. Sans doute étaient-ils trop nombreux maintenant.


— Restez où vous êtes ! ordonna Thomas tout en saisissant une des torches qui éclairaient le couloir devant l’entrée de la chambre. Je vais venir vous chercher.


Il jeta la torche au milieu des rats et même si quelques uns sentirent leurs poils roussir, les flammes furent étouffées par la masse des corps grouillants. Pourtant, ce fut comme si cette tentative désespérée eut été un quelconque signal. Les animaux les plus proches se tournèrent vers lui et formèrent comme une barrière impénétrable et compacte, allant jusqu’à laisser un espace vide derrière eux. Les autres, plus près de la fenêtre où s’était réfugiée la nourrice, folle de terreur, en firent autant comme pour lui empêcher de s’échapper.

Thomas nota cependant que ces bêtes étaient loin d’avoir l’intelligence qu’il leur prêtait. Il recula de quelques pas, ignorant les morsures des spécimens qui se trouvaient toujours dans le couloir. Prenant son élan, il bondit par-dessus la barrière animale et atterrit dans l’espace ainsi libéré.


— Lancez-moi André, ordonna-t-il à la nourrice. Après, vous pourrez me rejoindre en sautant d’où vous êtes.


Thomas avait visiblement pris les rats au dépourvu. Ils mirent quelques instants avant de se réorganiser. La barrière se désagrégea dans le désordre le plus complet. Le seigneur comptait bien profiter de cette pagaille pour quitter les lieux. Il fallait juste que la nourrice se décide rapidement.

    C’est alors que l’incroyable et l’indicible se produisirent. Alors que jusque-là les rats s’étaient contentés de la retenir où elle se trouvait, ils grimpèrent le long du mur et montèrent à leur tour sur le rebord de la fenêtre. Affolée, terrorisée, elle tenta de les repousser du pied mais se faisant, elle perdit l’équilibre et, tenant toujours l’enfant dans ses bras, bascula en arrière. La dernière chose que Thomas vit fut l’enfant. L’enfant qui, de toute façon, ne vivait déjà plus.

 

 

 

 

 

sd1-copie-1.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires