24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 12:55

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Nous publions aujourd'hui la fin du Destin de Naïla, roman de Solenne Pourbaix. L'année 2011 m'a fait découvrir cette auteure prometteuse qui, malgré ses "Non, non, non, c'est pas vrai !", possède l'étincelle nécessaire pour aller beaucoup plus loin. Je ne doute pas qu'elle saura exploiter ses talents et trouver le chemin de la publication professionnelle.

En attendant, vous aurez le plaisir de la retrouver sur www.ymagineres.net dès la semaine prochaine avec le début d'un nouveau roman.

 

À bientôt !

Aramis

 

 

 

LE DESTIN DE NAÏLA

Texte et illustrations de Solenne Pourbaix


CHAPITRE 71.

 

         

            Quand le défilé fut fini, Mortlé revint chez le Dragonnier qui lui expliqua son propre rôle et celui de Naïla. Le Guerrier paraissait heureux que Kirouel ait laissé une telle place à son épouse, cela faisait bien longtemps que cela n’était plus dans les coutumes de leur race que de partager le pouvoir. Enfin, quand tout fut clair, Kirouel demanda à Mortlé s’il voulait bien être son premier ministre. Celui-ci, surpris, acquiesça ne sachant trop à quoi s’attendre. Il devrait aussi se charger de la formation militaire des troupes à pied. « Mais… demanda-t-il, dois-je moi aussi servir Kupr ou Allard ?

- Il est vrai, répondit Kirouel, que cela serait judicieux que les trois dirigeants de la cité soient en accord au moins sur la religion. Je pense donc que oui, tu devrais choisir… » Mortlé ne savait que décider. Il aimait énormément Naïla mais Kupr l’effrayait. Il l’avait vu s’exprimer au travers de la jeune femme et n’osait imaginer la puissance dont il était capable… Il ne se sentait pas à la hauteur, il avait peur... et après ce qui s’était passé la nuit d’avant avec la jeune femme, l’idée de rester seul avec elle le gênait. Non pas que ça lui aurait déplu bien au contraire, il l’aimait beaucoup, mais elle appartenait à un autre et le désir qu’il ressentait pour elle, la légère jalousie qu'il avait envers Kirouel le mettaient mal à l’aise.

          Allard lui paraissait plus raisonnable. S’il avait dû être si puissant que ça, cela ferait longtemps que la planète ne serait que cendres et destruction… De plus, il devait beaucoup à Kirouel, après tout ce qu’il lui avait fait subir il lui offrait une place inespérée. « Je servirai Allard. » souffla-t-il rapidement avant de le regretter. Kirouel sourit un instant puis il se leva et dévêtit le Guerrier lentement, sensuellement. « Tu as fais un bon choix. Je saurai t’en être reconnaissant. » lui susurra-t-il doucement. Puis il commença à l’embrasser, à embrasser son cou, son torse, son ventre, sa verge.

          Naïla les regardait en souriant. Elle avait toujours été fascinée par les Elfes, par leur grâce et leur beauté et elle ne se lassait jamais de les regarder. De plus, elle avait appris à aimer l’esthétique de l’acte d’amour et voir ces deux créatures à la splendeur inégalable s’unir dans le plaisir était presque aussi délicieux que d’y participer.

          Une fois que Kirouel eut fait jouir son partenaire plusieurs fois, il saisit la main de Naïla, la renversa sur le sol et lui fit l’amour langoureusement et amoureusement sous les yeux émerveillés de Mortlé, la trouvant plus belle que jamais. Bien sûr, alors que le soir tombait, ils firent l’amour une nouvelle fois tous les trois, oubliant leur gêne du début.

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 72.

 

            Le lendemain à l’aube, Mortlé rentra chez lui afin de commencer à préparer la Cérémonie d’Intronisation de Kirouel. Il avait la lourde tâche de calmer les esprits des Seigneurs Nouhérés restants. Ils avaient, pour la plupart, connu le Dragonnier à l’époque de Néhioglôr et avaient pu apprécier de vivre sous sa régence, mais depuis leur repli au sein du cratère, Zaoûlko avait si bien mené son travail d’embrigadement que tous avaient oublié leur opinion propre. Néanmoins, ils avaient suffisamment conscience du danger pour se taire et laisser les choses se faire.

            Kirouel se réveilla une heure plus tard et embrassa sa compagne. Naïla gémit un peu et s’étira comme un chat. Le Dragonnier l’embrassa dans le cou et lui dit : « Ma belle, il faut te lever, aujourd’hui nous allons nous amuser ! » La jeune femme se retourna contre son époux et se serra contre lui. Elle aurait aimé rester ainsi au lit, blottie contre lui, à profiter de son parfum et de la douceur de sa peau. Cela faisait si longtemps qu’ils étaient séparés et ils n’avaient toujours pas eu le temps de se retrouver vraiment, juste tous les deux. Mais elle savait que le temps pressait, que les troupes ennemies devaient déjà se préparer. Après tout, ils auraient le temps de se retrouver quand ils auraient gagné la guerre !

          Elle lui embrassa donc le torse et se leva puis partit à la salle de bain. Kirouel la rejoignit et ils se préparèrent. L’Elfe revêtit une de ses longues robes de cuir noir et rouge, s’attacha les cheveux en une longue queue de cheval, attachant à leur extrémité de petites pointes métalliques. Il ceignit sa taille d’une étoffe rouge sang à laquelle il attacha sa longue épée. Naïla, elle, portait une longue robe de mousseline noire laissant voir ses formes. Elle avait revêtu dessous un short de dentelle et de hautes bottes de cuir noir. À son cou, Kirouel passa une large bande de soie noire cachant la cicatrice de sa gorge, puis il lui prit la main et ils sortirent.

            Dehors, les gens s’inclinaient devant eux, les appelant « mes Seigneurs ». Kirouel semblait jubiler. Ils sortirent du quartier Nouhéré, désormais ouvert à tous, et se dirigèrent vers l’Arène Centrale. Comme cela avait été ordonné, le roi déchu Zaoûlko était enchaîné à un pilori au centre de la grande place. Quand il vit son fils devant lui, il lui cracha dessus en hurlant : « Espèce de sale raclure ! Tu n’es qu’un sous-Elfe ! Tu ne mérites pas tout ce que j’ai toujours fait pour toi ! » Il fut coupé par une violente douleur à la tête. Il eu l’impression que de longs doigts griffus s’insinuaient dans ses yeux jusqu’à son cerveau. Il ne sut s’il devait ça à Naïla ou à son fils mais, il en était sûr, le Démon les habitait ! Kirouel rit et leva son pied souillé du crachat, jusqu’au visage de son père avec une aisance et une grâce incroyable. Il souriait toujours mais un voile de colère s’était emparé de son regard. « Nettoie ce que tu viens de faire ! » Sa voix avait tonné et toute l’assemblée présente s’était tue. Naïla tressaillit. Zaoûlko paru surpris mais il retrouva vite sa rage et souffla : « Et comment pourrais-je, imbécile, puisque mes mains sont attachées ? » Kirouel sourit et rapprocha un peu plus sa botte salie du visage paternel. « Mais il te reste ta langue… papa ! » Le roi déchu leva les yeux sur son fils et ne put contenir une moue de dégoût qui fit encore augmenter le sourire du Dragonnier. Il tenta de reculer sa tête mais le pilori l’en empêchait. Jamais il ne pourrait faire ça !

            Kirouel remonta la pointe de sa chaussure dans la joue de son père et Naïla s'accroupit devant lui et le fixa de ses yeux argentés. Elle lui murmura en souriant : « Vous savez, cher beau-père, je vous conseille fortement de coopérer et de vous soumettre gentiment, car si vous ne craignez pas votre charmant fils, je sais que je vous terrifie. Et encore… grâce à vous, les Dorélhôrs m’ont apprit à contrôler mes pouvoirs… imaginez donc de quoi je suis capable maintenant que je les maîtrise parfaitement, que je peux choisir l’endroit exact d’un séisme ou d’un… coup de foudre ! » Zaoûlko frissonna et jeta un œil vers le pied de son fils. Les gens s’étaient amassés autour d’eux. Mortlé et les autres Nouhérés étaient là aussi. Le silence régnait dans la cité, l’ambiance était très lourde et il semblait que le temps s’était arrêté. Après avoir relancé un regard vers la jeune humaine, Zaoûlko sorti une langue sèche et commença à lécher le cuir des bottes de son fils. Il ne pu retenir un haut-le-cœur. Kirouel éclata de rire et le gifla. Naïla s’écarta, elle sentit quelque chose changer chez son époux. Son sourire disparaissait. Ses yeux noirs devinrent durs et froids. La haine prenait le dessus. Il commença à gifler son père, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Quand le roi déchu commença à saigner, Naïla sut qu’elle devait arrêter son Amour. Elle tendit le bras vers lui et, comme la veille, à son contact, Kirouel se calma soudain. Il lui sourit et posa un baiser sur son front puis passa derrière son père et attrapa une lanière de cuir, attachée à sa ceinture.

            Il commença à porter les premiers coups avec le plat de la lanière, laissant sur le dos de sa victime de larges bandes rougissant sa belle peau noire. Les spectateurs regardaient la scène médusés. Ils avaient souvent vu des séances de fouet mais jamais d’une telle violence. Naïla ressentait de longs frissons de plaisir dans le dos et le ventre. Elle jubilait et ne pouvait cacher son sourire radieux. Mortlé la regardait, ne sachant qui, d’elle ou de Kirouel, était le plus fou.

 

 

 

 

 

CHAPITRE 73.

 

            Kirouel continua de battre son père pendant un temps qui paru infini à l’assemblée et bien trop court à Naïla. Ensuite, une fois que le dos de Zaoûlko ne possédait plus aucun centimètre de peau intacte et que son sang se répandait doucement le long de ses plaies, en petites perles rubis, Kirouel décida de terminer sa petite vengeance. Il ne souhaitait pas revenir et il préférait exorciser ses démons le plus vite possible, mais le mieux possible.

        Il défit lentement sa ceinture et écarta les pans de sa robe de cuir. Il arracha les guenilles qui revêtaient encore son père et il viola celui qui l’avait toujours dénigré, battu et humilié. Les hurlements de Zaoûlko et les râles de son fils étaient les seuls bruits dans la citadelle. Le sol grondait doucement, vibrait, comme si la terre tentait de contenir une rage intense. La violence des coups de reins du Dragonnier était impressionnante. Mortlé ne pouvait détacher ses yeux de cette scène. Il souriait, goûtant au plaisir de la vengeance, ce roi maudit méritait tant ce qu'il subissait... Il commençait à comprendre les plaisirs de Naïla et son mari. Il savourait chaque larme et chaque cri de son ancien roi, de celui qui lui avait infligé ce même châtiment il y avait peu de temps.

          Quand Kirouel eut fini, cela faisait quelques minutes que le roi déchu s’était évanoui. Il se rhabilla puis il prit sa compagne par le bras et partit. Sur leur passage, tous les gens s’écartaient et s’inclinaient. Mortlé lança un : « Vive le Seigneur Kirouel ! » qui fut reprit par toute la foule.

            Arrivés chez eux, Kirouel se fit couler un bain brûlant et demanda à Naïla de ne pas le déranger. Après presque une heure, la jeune fille, inquiète, frappa doucement. Aucune réponse. Elle poussa timidement la porte et aperçu son Aimé, recroquevillé dans le bac de bois, les genoux serrés contre lui. Ses yeux étaient rougis et il pleurait doucement. Elle s’approcha et s'accroupit à coté de la baignoire. L’eau était froide. Quand elle lui posa la main sur l’avant bras, le Nouhéré sursauta. Il leva les yeux vers elle et lui demanda doucement, d’une voix rauque et éteinte de venir avec lui dans l’eau puis il la serra contre lui et fondit en larmes dans ses bras. Elle le caressait en l’embrassait sans rien dire. Étrangement, l’eau se réchauffait pour prendre une température douce et parfaite.

          Ils restèrent silencieux un moment puis Kirouel prononça, la voix encore pleine de sanglots : « Pourquoi m’a-t-il fait ça ? Pourquoi m’a-t-il toujours fait souffrir de la sorte ? » Naïla fut prise au dépourvu et ne sut que répondre. Elle se contenta de baiser ses yeux, goûtant au sel de ses larmes et de lui sourire. « Il n’est plus rien, et grâce à ton sang, tu vas avoir l’éternité pour te venger. » Le Nouhéré eut un vague sourire et demanda : « M’aimes-tu ?

- Bien sûr que je t’aime » lui répondit la jeune humaine en souriant. « Serais-tu prête à tout pour moi ?

- Ne te l’ai-je pas déjà prouvé ?

- M’appartiens-tu ?

- Je n’appartiens qu’à toi. » Kirouel sourit enfin à son tour et embrassa sa belle. Ils sortirent du bain et Naïla tenta de s’extirper de la mousseline mouillée qui lui collait à la peau. Quand elle fut nue, Kirouel la mit à genoux et la battit avec une longue verge de bois souple. Elle ne pu retenir ses cris. Depuis le temps qu’elle n’avait reçu les coups de son époux, sa tolérance à la douleur avait diminué. Lorsque ce fut fini, Kirouel la massa et embrassa ses plaies, une par une, souriant tristement, heureux de voir ses marques sur le corps si beau de sa Reine. Ils passèrent ensuite leur après-midi dans leur chapelle respective, Naïla priant Kupr de protéger celui qu’elle aimait et Kirouel remerciant Allard pour le nouveau Pouvoir qu’il possédait.

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 74.

 

            Pendant près d’une semaine, la cité ressembla plus à une fourmilière qu’à une ville. Kirouel avait autorisé la libre circulation à tous et partout ; et, si les résidents du quartier Nouhéré ne voyaient pas forcément cela d’un très bon œil, tous les autres étaient ravis. Ils venaient tous visiter les quartiers qui leur étaient interdits auparavant. Il y avait aussi énormément de monde qui allait voir Zaoûlko. Les premiers jours, personne n’osait trop ne serait-ce que s’en approcher, mais très vite, la gêne générale disparut et de nombreux habitants passèrent leurs nerfs sur lui. Ils se vengeaient des années d’asservissement subies. Des années où tout ce qui n’était pas Nouhéré de pur sang n’était pas digne de vivre libre. Des années où fêtes et plaisirs étaient prohibés et où seuls les entraînements armés comptaient, entraînements inutiles car jamais ils ne partirent en guerre. Certes, le nouveau Régent était un peu étrange, inquiétant, et avait prit le pouvoir de manière plus ou moins douteuse, mais au moins il laissait au peuple plus de liberté. En fin de semaine, il fut placardé de nombreuses affiches annonçant la cérémonie officielle de prise de pouvoir de Kirouel suivie d’une grande fête dans l’Arène centrale.

            Le jour de la cérémonie, Naïla se réveilla seule. Kirouel lui avait laissé un mot annonçant qu’il était en train de terminer les derniers préparatifs et qu’ils se reverraient pendant la cérémonie. La jeune femme s’étira et quelqu’un frappa à la porte. Elle grogna et se retourna, enfouissant son visage dans les oreillers, quand elle sentit une main sur son épaule. Elle sursauta et la foudre s’abattit dans le jardin. Il n’y avait aucun nuage ni aucune goutte de pluie. Elle se redressa et aperçut Mortlé, qui tenait une longue boîte métallique à la main. Il la posa devant la jeune fille sur le lit et dit : « Excuse-moi de t’avoir effrayée mais Kirouel me charge de te préparer. Voilà les vêtements qu’il veut que tu portes. » Naïla ouvrit la boîte et y découvrit un corset de métal, une longue jupe de cuir noir cousue de fil rouge, une haute paire de bottes à talons, des bracelets métalliques prenant tout l’avant bras et cernés de cuir noir et, enfin, un ras du cou du même métal argenté serti d’une pierre rouge sang. Elle se demandait comment elle pourrait enfiler tout ça quand Mortlé fit entrer de nombreuses servantes. Quelques-unes, de celles qui l’avait déjà parée pour son mariage, s’inclinèrent, n’osant lever les yeux sur la jeune femme. Elles préparèrent un bain avec du lait de jument mêlé à des fleurs parfumées.165515_1835688774692_1314645567_2121906_6283916_n.jpg

            Quand le bain se mit à fumer, Naïla fut priée d’y plonger. La douceur du lait chaud et les effluves des plantes détendirent tout de suite la jeune fille qui faillit s'endormir. Les servantes s’écartèrent et Mortlé entreprit de masser sa belle amie. Il la lava, la sécha, et l’oignit d’une huile parfumée avant de l’aider à se vêtir. Naïla supporta de son mieux la fermeture du lourd corset d’acier, puis Mortlé la fit s’asseoir et de nouveau, les servantes la prirent en charge. Elles passèrent du temps à la maquiller, soulignant ses yeux d’un épais trait noir accentuant encore plus leur clarté naturelle, sublimant sa bouche d’un rouge sombre. Elle fut ensuite coiffée. Les servantes passèrent un temps infini à tresser ses cheveux. Quand ce fut fini, elle semblait porter la même coiffure que son époux.

            Quand elle fut enfin prête, en milieu d’après midi, Mortlé la conduisit, non sans l’avoir longuement complimentée sur sa beauté jusqu’à la grande salle où elle s’était mariée plus d’un an auparavant. La foule était déjà amassée dans la pièce. Kirouel n’y était pas. Il arriva de longues minutes plus tard, tenant en laisse son père, souriant. Après l’avoir confié à un jeune Nouhéré, il se tourna vers Naïla et lui annonça que tout pouvait maintenant réellement commencer.



 

CHAPITRE 75.

 

            Kirouel monta sur un piédestal faisant face à la foule amassée et, d’une voix forte et claire, commença : « Citoyens ! Je vais faire vite pour vous parler car le temps presse. Ma prise de pouvoir peut déplaire à certains ou en étonner d’autres. J’imagine que ce qui s’est passé est flou pour beaucoup d’entre vous, mais la seule chose que vous ayez à savoir est que je suis là pour vous et pour Kroyhalua ! Comme vous le savez tous, les Doréhlôrs sont nos ennemis ! On vous entraîne à vous battre depuis des siècles sans jamais avoir de but réel, sans jamais oser se lancer à l’assaut. Eh bien quoi ? Tout ce temps, vous aurait-on considéré comme des moins que rien ? Aurait-on eu peur de subir un autre échec cuisant ? Mais aujourd’hui citoyens, nous sommes prêts ! » L’assemblée restait silencieuse et seul un vague murmure s’en élevait. « La guerre contre les Elfes Blancs est déclarée ! Elle a toujours été pour mon peuple, et le leur, une excuse pour créer un état militaire et asservir d’autres races, mais aujourd’hui c’est une réalité. Leurs troupes doivent être en train de se préparer et nous devons en faire autant ! Il a été décidé que ma douce compagne Naïla, ici présente, sera Chevalier. Elle s’occupera des troupes Ouargues et des troupes Équestres. Mortlé, mon cher ami et fidèle ministre, se chargera des troupes à pied. Quant à moi, je formerai des Dragonniers. Nous devons redoubler d’efforts afin de pouvoir vaincre. Il ne faut surtout pas sous-estimer l’ennemi car leurs troupes sont très bien équipées et bien plus nombreuses que les nôtres. Mais nous les forceront à se battre en terrain inconnu et, de plus, Naïla nous a rapporté des informations importantes sur leur nombre et leurs stratégies. Nous avons donc toutes nos chances ! » Après un bref silence, un long cri guerrier surgit du public. Très vite, toute la foule suivit et cria son enthousiasme. Kirouel, ravi, souriait et frissonnait. Naïla et Mortlé, côte à côte, regardaient les mains se lever, effarés. Le nouveau Seigneur réussissait une prouesse en amadouant si vite le peuple. « Chers amis, reprit Kirouel quand l’assemblée se tut, ce soir, nous feront la fête, car le plaisir aussi est nécessaire pour vaincre, mais dès demain, nous mettrons en place les différents corps d’armée. Il faudra aussi concevoir armes et armures en nombre suffisant et former de nombreux guérisseurs. Ce sera un travail pénible mais c’est grâce à ce travail que nous pourrons enfin nous venger des Dorélhôrs ! Oui, mes amis, nous auront des pertes. Oui, des familles seront brisées, mais c’est le prix à payer pour pouvoir reconstruire un royaume serein et en paix. C’est le prix à payer pour pouvoir jouer librement, pouvoir vivre librement, pouvoir aimer librement. » Kirouel saisit la main de sa compagne et l’embrassa. « Nous avons toujours été séparés, que l’on soit Nouhéré, Grorque, Orc, Humain, Gobelin ou autre… et pourtant nous sommes tous des êtres doués de raison, de sentiments… Quand on nous insulte, nous souffrons, quand on nous frappe, nous saignons, quand on perd un être cher, nous pleurons… Nous sommes tous identiques ! Nous avons été cloîtrés et séparés pendant des siècles simplement à cause du dégoût d’un être pour toute autre créature que lui-même… Je vous promets que ça va changer. » Un « Hourra » général retentit dans la salle, des applaudissements fusèrent, faisant trembler les hauts murs de la ville. Kirouel jubilait. D’un ample mouvement de mains, il fit signe à la foule de se taire et reprit, l’air plus sombre : « Maintenant, nous devons parler de nos Dieux. La religion a toujours été présente chez nous, bien que peu représentée, c’est pour cela que ma compagne et moi avons choisi de servir ceux qui nous gardent et nous guident. Ma douce Naïla est prêtresse de Kupr. Elle a été élue par lui pour nous mener à la victoire. Vous l’avez d’ailleurs souvent vue chevaucher, avec une aisance insolente, son incarnation draconnique. Quant à moi, je suis Grand Prêtre d’Allard et son représentant sur notre monde. » Un cliquetis de chaînes suivi d’un bruit de choc résonna dans la salle. Zaoûlko s’était libéré et se ruait sur Kirouel, brandissant l’épée de son gardien en hurlant : « Mécréant ! Blasphémateur ! Bon à rien ! Comment as-tu pu ? » Il fut coupé dans sa phrase par une longue lame brillante enfoncée dans son ventre. Naïla avait réagi à une vitesse fulgurante et avait désarmé Mortlé, sans que personne n’ai pu la voir esquisser le moindre mouvement, afin de défendre son époux. Elle était contre le flanc du Nouhéré et entendait sa respiration siffler à son oreille. Elle pouvait presque entendre le cœur du roi déchu, elle pouvait presque le sentir battre dans le manche de la lourde épée. Plus Zaoûlko respirait bruyamment, plus son cœur battait lentement, plus la jeune femme souriait. Quand le Nouhéré s’écroula, elle retira la lame de son corps et le poussa du pied à bas de l’estrade. Elle essuya l’arme et la rendit à Mortlé, puis elle reprit sa place à ses côtés comme s'il ne s'était rien passé.

          Kirouel fixait le corps de son père, le regard sombre, ses tatouages agités de vagues rouges. Il prit une longue respiration puis reprit : « Vous venez de voir une autre démonstration de la puissance de mon épouse. Une autre démonstration de son Amour. C’est cet Amour qui l’a poussée vers Kupr… à moins que ce ne soit Kupr qui lui ait insufflé cet Amour ? Toujours est-il, mes amis, que je ne serai pas seul à officier pour Allard. Mon cher Mortlé ici présent a accepté de rentrer à son service. Je sais qu’Allard n’est pas quelqu’un de très… apprécié, il effraie ! Après tout, que pourrait-on attendre d’un Dieu de la Mort et de la Destruction ? Mais c’est pourtant grâce à ce même Dieu que j’ai cette place aujourd’hui. Il peut nous aider à tuer et détruire les troupes ennemies. Aussi, aujourd’hui, je vais… bénir… dirons-nous, Mortlé. » Le Guerrier s’avança, il n’était plus très sûr d’avoir fait le bon choix et commençaient à se sentir très angoissé. Il espérait que personne ne verrait son corps se couvrir de sueur, ses jambes trembler ; il espérait qu’il n’aurait pas à parler car il en était incapable…

 

 

 

 

 

CHAPITRE 76.

 

            Les deux Nouhérés descendirent dans la foule et la traversèrent en direction de l’autel du Dieu Maudit situé au fond de la salle. Naïla restait à sa place, marquant son profond désaccord avec leur choix. Elle avait peur. Elle était terrifiée à l’idée de voir la manifestation réelle d’un dieu devant elle. Elle se sentait soudain seule, abandonnée. Elle avait l’impression de perdre pied, d’entrer dans un engrenage inquiétant sans rien pouvoir faire pour éviter ça. Elle ne comprenait pas le choix de Mortlé. Peut-être faisait-il ça par culpabilité ? Pour ne pas rester avec elle ? Son cœur battait à toute vitesse et il lui semblait que tout bruit avait disparu, si ce n’était ce bourdonnement grave dans ses oreilles. Elle avait chaud, la nausée, des taches noires apparaissaient devant ses yeux… Elle voulait hurler à son ami d’arrêter, de ne pas faire ça, mais elle était tétanisée.

            Un silence pesant régnait dans toute la salle, comme si toute l’assemblée partageait la peur de Naïla. Seul le léger bruit de la pluie sur les carreaux se faisait entendre. Les deux Nouéhérés se faisaient face. Kirouel demanda à Mortlé de répéter après lui, dans la langue des Elfes Noirs, les serments qu’il prononcerait : «  Moi, Mortlé, Grand Guerrier Nouhéré, accepte de dédier ma vie et mon âme au Seigneur Allard, Dieu de la Mort et de la Destruction, commença Kirouel.

- Ia, Mortlé, Arhiman Dourrk Nouhéré, übrki daedikkr maestia i kroklua u Allard Krim, Gi ul Dett i Kaoss, répéta Mortlé ;

- Je le servirai afin d’accroître son Pouvoir.

- Io fregg ada itul Artabaa.

- En retour, je souhaite Force et Courage.

- An krahé, io jruj Po i Brava.» Kirouel se saisit d’une petite dague et entailla le poignet de Mortlé avant de s’ouvrir le buste au niveau du cœur, juste sous la cicatrice laissée par le nom de Naïla marqué au fer. Il se saisit du bras de son ami et but le sang qui en coulait. Mortlé se pencha sur la plaie du torse de Kirouel et y but aussi.

          Les lumières s’éteignirent soudain ; seuls les cierges de l’autel restèrent allumés, projetant une lumière orangée autour d’eux, agrandissant leurs ombres sur les murs et au sol de manière inquiétante. Le silence régnait désormais sur toute la cité. Même le volcan semblait s’être tu. Kirouel continuait à boire au poignet de Mortlé pendant que ses yeux et ses tatouages commençaient à prendre une teinte rougeâtre. Il se redressa soudain et une grande paire d’ailes de cuir noir s’extirpa de son dos, en déchirant sa chair.

          Son aura rouge éclairait toute la grande salle. D’un lourd battement de ses ailes, il se suréleva un peu puis, d’une voix grave et caverneuse qui ne lui appartenait pas, il prononça : « Et maintenant ton âme est à moi ! » Puis il fit apparaître dans l’air une longue lance de lumière rouge sang et en transperça le cœur de Mortlé. Ce dernier s’écroula et la lance disparut. Kirouel se posa sur lui et le sang du Guerrier jailli et fut absorbé par les tatouages du nouveau Roi.

          Quand Mortlé parut vide, Kirouel souffla sur lui. Le corps du Guerrier entra alors en lévitation, son armure d’apparat explosa et, tels des serpents, de nombreuses arabesques blanches apparurent sur son corps et son visage. Il retomba au sol et Kirouel le releva. Ses ailes avaient disparu et ses yeux avaient reprit leur teinte normale. Il prit la parole de sa voix propre et annonça que désormais, Mortlé était officiellement Premier Ministre de la ville, et Prêtre d’Allard. Naïla pleurait en silence.




 

CHAPITRE 77.

 

            Les deux Nouhérés retournèrent sur l’estrade au côté de Naïla cachant de son mieux son désespoir. Elle sursauta en voyant les yeux de Mortlé, eux aussi cerclés de noir. Le signe des sans âme. Kirouel prit la jeune femme dans ses bras et l’embrassa avant de lui dire : « Toi aussi ma belle tu te dois maintenant de représenter celui que tu sers. » Naïla commença à angoisser. Que voulait-il dire ? Le Régent se saisit d’une petite boîte de bois noir et l’ouvrit. Dedans, des aiguilles, quelques bijoux, et un pot d’encre de sang de dragon, connu pour sa tenue permanente. Kirouel lui murmura qu’il l’aimait comme elle était mais que la fonction qu’elle occupait désormais la forçait à avoir une apparence unique. Il se tourna vers le public et dit : « Chers Amis, nous devons maintenant porter toute notre attention sur cette merveilleuse jeune femme. Nous, représentants d’Allard, portons ses marques sur le corps. À elle de porter les marques de l’intérêt de Kupr. » Dehors, la pluie avait cessé mais de lourds nuages noirs menaçaient toujours la ville. Il expliqua ensuite qu’il allait l’apparenter à l’incarnation draconnique du Dieu. Dynaste avait de petites cornes pointues sur les arcades et ses yeux dorés étaient soulignés de noir, un trait descendant vers sa joue. L’œil droit de Naïla, à cause de la mutilation qu’il avait subie, ne pourrait être orné.

          dessin33.jpgKirouel demanda à Mortlé de se placer derrière la jeune femme, au cas où elle réagirait mal aux aiguilles puis il commença à travailler sur l’arcade de son épouse. Curieusement, elle ne ressentit presque pas de douleur. Elle sentait sa peau se déchirer autour de la fine pointe et pouvait presque l’entendre mais cela l’amusait, en fait. Quand les billes d’acier furent serrées, elle commença à sentir la chaleur émaner de son arcade. Ensuite, Kirouel encercla ses yeux de noir et y dessina le même trait que Dynaste. Naïla pensait que c’en était fini et elle voulut retourner à sa place. Être ainsi en public la dérangeait et elle voulait au plus vite retrouver la quiétude du fond de l’estrade mais la solide poigne de Mortlé la retint et la remit face à Kirouel. Ce dernier lui souriait. Ses canines allongées semblaient brusquement menaçantes. Il se pencha à son oreille et lui murmura : « Ce n’est pas fini, ma belle. Je veux aussi faire de toi MA Reine. Je vais parer ta bouche afin qu’elle me satisfasse au mieux. » Naïla frissonna. Il lui avait semblé l’espace d’un très court instant que sa voix avait été celle, très sombre, d’Allard. Les bras de Mortlé l’enserrèrent, elle ne pouvait plus bouger. Était-ce un geste d’affection et d'encouragement ou un geste de contention ?

          Kirouel caressa la joue de sa compagne et attrapa une nouvelle aiguille. La jeune femme la sentit juste sous sa lèvre puis pénétrer la chair épaisse. Comme avant, elle avait la sensation de pouvoir voir le trajet de la fine pointe d’acier. Elle la sentit ressortir puis elle sentit son Aimé lui mettre le bijou. Quand elle put fermer la bouche, elle sentit la petite bille entre ses lèvres et un filet de sang lui couler sur le menton. Kirouel le lui essuya de sa langue et un éclair rouge passa dans ses yeux. Il lui sourit et l’embrassa. Naïla ressentit enfin la douleur du pierçage.

        Quand le Nouhéré la présenta devant les spectateurs assemblés, toute la foule applaudit. Naïla n’aimait pas ça. Elle ne voulait pas être le centre d’intérêt. Quand elle fut libérée de l’étreinte puissante des deux Nouhérés, elle recula vers le fond de l’estrade, soulagée, se moquant de la brûlure des aiguilles.

            Ensuite, Mortlé procéda au couronnement. Naïla porta une chaîne argentée ornée de pierres rouges autours de la tête, et Kirouel, une fine couronne d’argent. Enfin, ils donnèrent le feu vert pour les festivités et accompagnèrent la foule jusqu’à l’Arène Centrale. Le corps de Zaoûlko fut emmené, tel un trophée en centre ville puis jeté aux chevaux et aux ouargues afin qu’ils se délectent de sa chair si noble.

          La fête donnée le soir battit son plein jusqu’au petit matin. Les trois Gouverneurs s’y mêlèrent quelques heures puis Kirouel et Naïla allèrent finir leur soirée ensemble.

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 78.

 

            Le lendemain fut une journée de repos pour tout le monde. Une légère euphorie régnait sur toute la cité malgré l’annonce de la guerre imminente. Les gens récupéraient de leur soirée ou visitaient les quartiers qu’ils n’avaient encore eu le temps de voir.

            Kirouel et Naïla passèrent la journée entière dans leur demeure, enlacés. Le Nouhéré faisait preuve d'une attention et d'une tendresse toutes nouvelles avec sa compagne. Elle, bien que toujours perturbée par les démonstrations de la veille, se laissait aller à son amour. Mortlé passa les voir quelques instants mais il se sentit vite de trop. Après tout, c’était un couple, et il avait déjà eu la chance d’être accepté au sein de leur Amour sans borne, il ne pouvait s’attendre à y être toujours bienvenu.

            Le jour d’après commença par un office religieux. Naïla accueillit les adorateurs de Kupr dans une vieille chapelle du quartier Grorque. Ils étaient très nombreux et la jeune femme se sentait mal à l’aise. Elle avait toujours prié seule et ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Elle se contenta d’un discours sur la guerre approchant et sur les possibilités que la victoire apporterait, puis elle récita ses prières en langage humain, Grorque et Nouhéré.

            De son côté, Kirouel accueillit moins de monde et principalement des guerriers Grorques, mais il fit preuve d’un charisme et d’un talent fou pour convaincre du bien fondé de son choix de foi.

            Après cela, Naïla prit en charge les nombreux cavaliers de la cité. Elle les emmena dans les montagnes afin d’améliorer leur agilité et leur écoute de leur monture. Elle leur apprit, juchée sur un immense destrier blanc, robe très rare dans ces contrées, que même un cavalier inexpérimenté pouvait faire des prouesses s’il faisait attention à sa monture. Elle leur apprit ensuite de nombreuses techniques d’esquive et termina par un jeu où, pour réussir, il fallait être à l’écoute de son cheval ou son ouargue, pouvoir anticiper les actions des autres et faire montre d’une habileté hors pair. Il fallait se passer le corps d’un jeune ouargue et l’amener dans son équipe. À la fin de la journée, tout le monde était éreinté mais un sourire général illuminait les visages des chevaliers. Mortlé lui, gérait ses troupes d’une poigne de fer. Il avait passé sa vie à enseigner aux autres l’art délicat du combat et s’en sortait très bien. Pourtant les troupes qu’il devait gérer étaient les plus nombreuses.l_b981459ad9284d6ea6141c1a32351100.jpg

            Kirouel, quant à lui, n’avait qu’une trentaine de personnes à former. Il faut dire que les dragonniers étaient rares et ceux qui avaient envie d’apprendre à chevaucher ces immenses créatures ailées étaient peu nombreux. Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre de lui, Kirouel se montra très compréhensif et donna un enseignement progressif, prenant en compte les peurs des uns et des autres. Il n’y eut aucune victime, ni dévorée, ni tombée.

            À la fin de la journée, alors que Naïla et Mortlé restaient avec leurs troupes afin de leur expliquer quelques détails et répondre à leurs questions, Kirouel s’isola dans la chapelle d’Allard. Il lança un rituel lui permettant de quitter son corps afin d’aller espionner les Dorélhôrs. Il survola les lointaines vallées et arriva enfin à Laureliane. L’agitation régnait sur toute la région. Une fois au-dessus de la ville, il reçut de nombreuses images. Il ne s’était pas trompé, les Elfes Rois se préparaient bel et bien à la guerre. Des armes et armures étaient forgées, tous les humains étaient entraînés, hommes, femmes, enfants, vieillards, la Reine les enverrait tous au massacre ! Il la vit mêler magiquement aigles et chevaux afin de créer des griffons plus ou moins réussis. Certains ne vivaient pas plus de quelques minutes. Il vit les Généraux annoncer leur départ dès que tout le monde sera équipé. Cela devrait prendre deux mois.

            Quand Kirouel retrouva son corps, il était épuisé et effaré par les méthodes de cette Reine à la réputation si douce et bonne. Et c’étaient eux les méchants de l’histoire ? Il rentra chez lui et annonça ses découvertes à Naïla qui venait juste d’arriver. Elle fut écœurée mais pas surprise. Elle avait appris à les connaître. De plus, elle savait la Reine folle de rage et là, elle tentait le tout pour le tout. Quitte à faire exterminer toute la race humaine, elle voulait vaincre. Ils réfléchirent et conclurent que les troupes Dorélhôrs devraient être au pied des montagnes Noghdôr d’ici six mois. Il fallait se préparer, et se préparer vite.

Le lendemain, Kirouel fit imprimer de nombreuses affiches annonçant :

 

« Citoyennes et Citoyens, la Grande Guerre est imminente. Nous nous devons de nous préparer. Toutes les personnes capables de se battre devront choisir un corps d’armée. Rappelons quels peuvent être vos choix :

- La Dragonnerie menée par le Régent Kirouel ;

- La Chevalerie menée par la Régente Naïla ;

- Les Guerriers à pied menés par le Premier Ministre Mortlé ;

- Les Archers menés par le Seigneur Archer Grorque Amirkk.

Toutes les autres personnes : femmes, enfants, vieillards, resteront durant l’assaut à l'abri de nos murs. En attendant, ils fabriqueront armes et armures pour ceux en meilleure forme, et les autres apprendront la médecine et la magie des soins.

La Guerre sera longue et nous aurons de nombreuses pertes mais cela est malheureusement nécessaire pour pouvoir sortir de ce cratère et reconstruire une nouvelle ville et une nouvelle vie. Priez vos Dieux et soyez forts.

Votre Régent Kirouel, Seigneur Nouhéré et représentant d’Allard. »

 

            Dès la lecture de cette affiche, tout le monde afflua aux entraînements. Naïla dut même passer quelques nuits à chasser et débourrer des ouargues et chevaux sauvages des montagnes. Heureusement, elle reçut le soutien des nombreux cavaliers expérimentés afin d’accomplir ce dur labeur.

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 79.

 

            Les mois passèrent à une vitesse fulgurante. Curieusement, Kirouel et Naïla étaient de plus en plus proches. Ils ne se séparaient que pour combattre et prier. Naïla avait fini par s’habituer à la présence sous-jacente d’Allard. Elle appréciait peu de voir les yeux de son époux virer au rouge quand ils faisaient l’amour mais elle essayait de l’ignorer. Elle s’octroyait aussi de nombreuses escapades avec Dynaste. Elle aimait ces moments de symbiose avec lui. Elle aimait monter aux limites du ciel et redescendre en vrille. Elle aimait sentir le vent fouetter son visage. Elle aimait la vitesse, la hauteur. Elle oubliait tout quand elle était là-haut avec Dynaste. Il la posait régulièrement à la fontaine de Kupr où, quel que soit le temps, elle se baignait toujours avec délectation.

            Six mois s’étaient écoulés depuis leur retour quand Kirouel, après un nouveau rituel, annonça le départ au combat. Il avait vu les troupes ennemies et, même s’il essayait de le cacher, Naïla sentait son angoisse. Elle ne savait ce qu’il avait vu mais elle avait peur. Pour réussir à ébranler la belle confiance de son époux, il fallait vraiment que ce soit monstrueux.

            Le matin, Kirouel et Naïla revêtirent leur tenue de combat. Une lourde armure noire pour le Dragonnier et une armure d’acier pour la jeune humaine. Mortlé les rejoint, lui aussi prêt. Allard lui avait envoyé la vision des troupes ennemies. Un cor résonna dans toute la ville, signe que le départ était commandé, et toutes les troupes furent rassemblées et prêtes en à peine une heure.

          Kirouel, Naïla, Mortlé et Amirkk étaient en haut des remparts et faisaient face à leurs hommes. Les Dragonniers volaient au dessus. Naïla comprit alors que cette fois-ci ils ne pouvaient plus reculer. Elle était impressionnée par le nombre de personnes amassées devant elle. Elle tremblait de tous ses membres et respirait difficilement, morte de trac. Kirouel leva les bras et toute la foule se tut. Il commença : « Mes frères ! Cette fois, la Guerre commence ! Nous devrons nous montrer forts ! Nous avons foi en nous et en plus, les Dieux sont de notre côté ! Allard m’a donné la vision de l’ennemi et ils sont en surnombre, mais leurs troupes sont désunies et faibles. Nous pouvons, grâce à notre Union, vaincre ces maudits elfes blancs! Nous devons vaincre ! » La foule cria son approbation, faisant trembler les murs.

          Kirouel sauta sur son Dragon et les autres descendirent prendre la tête de leur troupe. Le cheval de Naïla devait sentir la nervosité de sa cavalière et se cabra. Il piaffait et tournait, tentant de mordre ce qui passait à sa portée. Dynaste, haut dans le ciel, volait en tournoyant au dessus de la grande armée. Enfin, les troupes sortirent de la ville. Naïla frissonna quand elle entendit la lourde porte se refermer. Elle avait une étrange sensation. Sa boule d’angoisse habituelle la rongeait. Comme si elle ne verrait plus jamais cette porte immense.

          Personne ne parlait et seuls les bruits de pas et les battements d’ailes s’entendaient. La Grande Guerre commençait.





 

CHAPITRE 80.

 

            Quand l’armée Nouhérée sortit enfin des montagnes, la tension était à son comble. Tout le monde avait toujours été entraîné pour la guerre mais cela était devenu une coutume et plus une réalité, or là, c’était concret. L’armée se mit en place. L’ennemi n’était pas visible. Les fantassins prirent place au front, Mortlé à leur tête. Derrière eux, les archers et arbalétriers. Enfin, les cavaliers tentaient de tenir leurs montures en dernière ligne. Au-dessus d’eux, les Dragonniers volaient sur place. Cela faisait bientôt une heure qu’ils étaient là, dans un silence de mort troublé seulement par les cliquetis des armures et les hennissements inquiets des chevaux, quand ils entendirent un grondement. On aurait d’abord cru que c'était l’orage mais très vite, on reconnut des pas. Des centaines de pas, non, des milliers de pas. Le silence se fit dans les rangs Nouhérés. Un silence de mort. Même les chevaux et les ouargues avaient soudain cessé de s’agiter. Tout le monde attendait. La tension était palpable.

          Naïla sentait son cœur battre dans ses tempes. Elle essayait de contrôler sa respiration mais ses mains tremblaient. Elle leva les yeux et vit Kirouel, majestueux dans son armure noire, fixant les lignes ennemies que sa hauteur lui permettait d’apercevoir. Elle vit le visage des autres dragonniers se décomposer et une légère bruine commença à tomber. Dynaste volait en hauts cercles au dessus d’eux. Enfin, après d’interminables minutes, ils purent les voir. Voir l’immense armée ennemie. Des milliers d’humains ouvraient la marche suivis par des fantassins Elfes et des Archers. Et enfin, derrière, d’énormes balistes et catapultes. Dans le ciel, au moins mille guerriers griffons approchaient. Derrière, Naïla distingua Léoguié dans une armure étincelante et sa mère. Elle n'eut qu’une envie, faire demi-tour. Retourner en arrière et se cacher derrière les remparts et les protections magiques du volcan. Jamais elle n’aurait dû partir chez les Dorélhôrs. Jamais elle n’aurait dû épouser Kirouel. Elle n’aurait même pas dû accepter de faire son apprentissage chez lui, elle n’aurait même jamais dû s’enfuir de Lessya. Dynaste poussa un long cri lugubre quand les troupes ennemies s’arrêtèrent à quelques centaines de mètres d’eux. Le silence régnait partout, le vent ne soufflait plus, les animaux se taisaient, seules les gouttes de pluie sur le sol et sur les armures se faisaient entendre.

          Enfin, après un temps infini, les troupes humaines ennemies avancèrent. À eux seuls, ils dépassaient en nombre l’armée Nouhérée. Mortlé, épée dégainée posée devant lui et le poing levé, ordonnait à ses hommes d’attendre. Amirkk avait fait préparer ses archers mais ordonnait lui aussi de ne rien faire.

        Quand les humains ne furent plus qu’à cent mètres de ses guerriers, Kirouel cria quelque chose dans une langue inconnue et la terre se mit à trembler. Du sol, sortirent un nombre incalculable de corps de guerriers morts. Il y avait des humains, des Nouhérés, des Grorques… A priori, tous les guerriers morts en combattant, certains avaient encore des lambeaux d’armure. De nombreux et immenses démons ailés apparurent aussi aux cotés du Seigneur Nouhéré. Ils faisaient deux ou trois fois la taille des dragons et étaient monstrueux. Les lignes ennemies eurent un mouvement de recul mais un ordre des généraux restés derrière les remit en route. Le combat fut lancé. En un cri, Mortlé saisit sa lourde lame et mit ses troupes en avant. L'angoisse de Naïla disparut, le rideau était levé et elle n'avait plus le choix.

        Les zombies fendaient les troupes humaines avec une facilité impressionnante, permettant aux fantassins de Mortlé d’avancer sans dégâts jusqu’aux guerriers elfes. Les archers Dorélhôrs les visaient mais leurs armures étaient épaisses et couvrantes, en revanche, les archers Nouhérés, eux, visaient non pas les hommes à pied, mais bien leurs confrères. Il y eut de nombreuses pertes coté Dorélhôr. De plus, de nombreux griffons tombaient au sol, décimés par les immenses démons invoqués par Kirouel, fauchant au hasard des chutes.

          Le Seigneur Nouhéré riait. Les gesticulations et hurlements de la si puissante reine l’amusait. Léoguié voyant ça, commença à essayer de percer ses propres lignes pour attaquer celui qui s’était moqué de lui, qui avait fait tant de mal à Naïla. Kirouel décida de jouer avec lui et partit lui aussi en direction du Prince Dorélhôr, le sourire aux lèvres.

          Au sol, les troupes Nouhérées, malgré quelques pertes continuaient à avancer. Il fallait avouer que leur préparation et leur cohésion étaient exemplaires et que leurs armures étaient d’une solidité impressionnante malgré leur légèreté. De plus, les archers faisaient un excellent travail de couverture. En hauteur, en revanche, les Nouhérés, peu expérimentés, étaient vite mis en difficulté par les chevaliers Griffons encore en vie. Kirouel, lui, jouait toujours avec Léoguié. Il le faisait tourner en bourrique, montant très haut puis descendant en piquet, passant au ras des troupes ennemies, esquivant alors les sorts de l’elfe-roi au dernier moment, les laissant s’écraser sur les troupes Dorélhôrs en riant comme un dément.

          Naïla le regardait faire, la peur au ventre, quand elle décida qu’il était temps d’aller seconder les fantassins. Elle se leva sur ses étriers et, arme au poing, hurla : « CHARGEZ MES FRÈRES ! CHARGEZ ! » Les quelque trois mille hommes sous ses ordres répondirent d'un long cri guerrier et tous s’élancèrent au galop, armes brandies en avant. Ils firent un massacre. Après de longues minutes de combat acharné, ne sachant plus vraiment ce qu’il se passait, ayant perdu toute notion du temps, frappant au hasard les armures dorées, Naïla réussit à faire percer ses troupes jusqu’aux attelages portant balistes et catapultes. Elle ordonna à ses troupes de les détruire puis, vu que Mortlé prenait avec ses hommes le contrôle de la situation, elle s’extirpa de sa lourde armure et appela Dynaste. Il fut à ses côtés en un instant et elle lui sauta sur le dos pour s’envoler. Les troupes aériennes avaient plus de difficulté et devaient être secondées.

 


 

 

CHAPITRE 81.

 

            Naïla fendit l’air et arriva devant la Reine qui lui parut minuscule. Elle avait oublié que Dynaste était la plus grande créature qu’elle ait vu, rendant ridicules même les puissants démons ailés de Kirouel. Nayélia, la puissante souveraine des Elfes Rois, était hystérique. Elle hurlait des phrases sans aucun sens, ordonnant à ses hommes de tuer son fils, puis à son fils de rentrer à Laureliane, puis aux archers de tuer les griffons... Elle avait définitivement perdu l'esprit. Heureusement, dans le tumulte du combat, plus personne ne l'écoutait.

          Kirouel jouait toujours avec Léoguié, bien que maintenant, il ait l’air bien décidé à en finir. Ils se faisaient face et joutaient de façon admirable. Après quelques passes, Kirouel prit un mauvais coup qui enfonça son armure et faillit le désarçonner. Il monta à toute allure afin de pouvoir enlever son plastron qui l’étouffait en étant hors d'atteinte et redescendit sur le Prince blond. Ce dernier l’esquiva mais perdit ses étriers et fut déséquilibré. Le Nouhéré en profita pour le faire tomber. Dans un geste d’une agilité phénoménale, Léoguié réussi à amortir sa chute et à ne pas se blesser. Kirouel descendit alors au milieu des combattants pour finir ce duel à pied.

          En voyant ça, Naïla sut qu’elle devait l’aider. Elle connaissait le talent de Léoguié qui bien qu’il fut très jeune, maîtrisait les armes de manière exceptionnelle. Elle se débarrassa donc de la Reine en un éclair, celle-ci ne se défendant même pas, trop occupée à hurler ses ordres insensés, puis elle retourna au sol, non loin de son Aimé qui joutait merveilleusement contre le prince blond non moins gracieux. On aurait cru voir un combat entre deux entités opposées, entre le positif et le négatif. Elle allait le rejoindre quand une grande silhouette s’interposa, un Général Dorélhôr. Il la remercia d’avoir fait le sale travail pour lui car il ne savait pas trop comment s'y prendre pour tuer discrètement la reine, puis l’attaqua. Elle esquiva comme elle put puis se jeta au combat. Ce fut épique.

          Elle, comme à son habitude, usait de son agilité, de sa vitesse et de sa petite taille pour porter des attaques sournoises ou esquiver des coups en bondissant. Elle fut quelquefois touchée mais ce n’étaient que des éraflures, au pire elle aurait d’autres cicatrices quand tout serait fini. Lui était plus puissant, portant des coups plus lents mais plus forts et à chaque fois qu'elle ne parvenait pas à les éviter, elle avait beaucoup de mal à arrêter ou ralentir sa lame. L'une de ses armes se brisa même sous une attaque mais ce n'était pas grave, elle avait toujours su improviser.

          Elle commençait pourtant à fatiguer et se disait que finalement, elle ne s’en sortirait peut-être pas quand elle vit le visage du Général blêmir et du sang perler de sa bouche. Mortlé, derrière lui, finit de l’éventrer et dit à la jeune femme : « Tu ne peux pas mourir ! Lui non plus! Va aider ton époux ! » Elle le remercia et se précipita vers Kirouel. Son combat l’avait éloignée et elle mit du temps à le rejoindre, évitant les guerriers qui frappaient à tout va. Quand elle arriva, il venait de décapiter le jeune prince et riait aux éclats. Il était a priori gravement blessé mais sourit à Naïla avant d’aller vers elle, épuisé.

        Ils n’étaient plus qu’à un mètre l’un de l’autre quand Kirouel s’arrêta, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Il baissa les yeux et vit une épaisse lame rouillée sortir de son torse. Il y porta les mains puis regarda Naïla l’air de ne pas comprendre ce qu’il se passait, les larmes aux yeux et s’écroula. Derrière lui, un immense zombie souriait, des lambeaux de joue découvrant la moitié de sa mâchoire. Il s’avança vers le jeune femme choquée en râlant : « Je… t’ai tou… jours… aimée… Naïla… » Elle reconnut l’armure de Râhgrabk et s'effondra.



 

             CHAPITRE 82.

 

           Naïla se jeta sur le corps de son époux et hurla. Le ciel se couvrit de nuages noirs en un instant. Le sol trembla. Une tempête de neige se mit à souffler sur le champ de bataille. Des tornades tournoyaient aux alentours. La terre s’ouvrait engloutissant guerriers et animaux. Une immense aura rouge émanait d’elle, ses yeux étaient rouges et elle pleurait des larmes de sang. Dynaste, au-dessus d’elle, hurlait aussi, se tordant dans les airs comme un serpent blessé, mais il ne couvrait ni le bruit de la tempête ni le hurlement de la jeune femme. Mortlé, non loin, semblait ne pas comprendre. Il voyait la jeune femme en pleurs, il voyait Kirouel dans ses bras couvert de sang, il voyait un grand corps mort tendre les bras vers la jeune femme… et il ressentait la peur et le désespoir… Il ne vit pas la baliste projetée par une tornade qui s’écrasa sur lui.

          « Kupr ! hurlait Naïla. Kupr ! Sauve-le encore une foi ! Kupr ! Je t’en prie ! Allard ! Sois maudit ! » Son aura s’agitait de plus en plus et elle explosa soudain. L’onde rouge recouvrit tout, ceux qui étaient pris dedans étaient brûlés sur-le-champ. Rien ne survécut. Quand la vague rouge revint sur Naïla, le temps s’arrêta. Tout était détruit. Il n’y avait plus qu’un paysage de mort. Tout avait été brûlé. Au loin, on pouvait entendre le bruit de roches immenses s’écroulant. Dynaste volait encore. Il fut soudain envelopp

é d’une légère fumée et apparut sous la forme d’un homme. Un très bel homme que Naïla avait déjà vu quelques mois avant.

          Il s’agenouilla à coté des corps morts de Kirouel et Naïla, seules choses encore intactes et prit la jeune fille contre lui en pleurant. « Pourquoi ? Que s’est-il passé ? J’ai essayé de te le rendre ma belle, je te le promets. Que s’est-il passé ? » Il s’effondra sur le corps de la jeune rousse et sursauta quand il entendit derrière lui : « As-tu oublié, mon frère, que c’est moi qui avait son âme ? » Kupr se retourna et aperçu Allard, faisant tourner entre ses doigts une petite bille qui semblait remplie de fumée. « Alors c’est toi ? J’aurais dû le savoir ! Pourquoi as-tu fais ça ?

- Mais parce que, mon cher, c’est toi qui me l’a appris ! Rappelle-toi, quand tu es arrivé ici, ce que tu as fait. Tu as créé la nature, l’eau, le feu, la végétation, l’air, les animaux… tout ! Et rappelle-toi comme tu t’ennuyais à cette époque ! Tu as voulu créer quelqu’un comme toi pour pouvoir parler, passer le temps… Et c’est là que je suis né ! Ton jumeau en tout point identique. Mais je t’ai lassé. Quand j’ai compris que tu ne m’aimais plus, c’est là que j’ai décidé d’utiliser mes pouvoirs... TES pouvoirs, pour détruire ce que tu faisais. Cela ne t’a pas arrêté, tu as créé une créature identique à nous en apparence mais sans pouvoir, qui te tiendrais compagnie sans te faire de l'ombre ! Et tu as créé une femelle, bien sûr ! Et oui, les plaisirs que t’offrait ton frère avaient aussi fini par t'ennuyer. »

          Il fit une pause et regarda Kupr puis tendit une main vers la jeune femme morte et lui caressa les cheveux. « Je l’avoue, reprit-il, tu as créé une très belle femelle. Te souviens-tu de ses cheveux roux et de ses yeux d’argent ? Ah mais oui suis-je bête, tu t’en souviens ! Tu en es tombé fou amoureux et tu lui as même fait des enfants… Les Dorélhôrs ! Quels sacrés connards ceux-là, m'étonne pas que ce soit toi le père ! Heureusement, étant ton jumeau en tout point, elle n’a rien remarqué quand c’est moi qui l’ai chevauchée ! Enfin si, elle m’a dit que ça n’avait jamais été si bon ! » Allard éclata de rire. Autour d’eux, le bruit d’éboulement se faisait plus fort. Kupr, toujours à genoux semblait souffrir, ses traits se contractaient sous la douleur. « Tu as cru que les Nouhérés étaient dus à une dégénérescence de ta semence ? Eh non, ils étaient dus au parfait fonctionnement de la mienne ! Mais voilà, tu l’avais dépourvue de pouvoir… or un être sans pouvoir est un être mortel ! Et après quelques années, pouf ! La belle s’en est allée ! Mais l’âme étant immortelle… à moins que l’on me la confie, elle a fini par revenir il y a un peu plus de vingt ans. Tu l’as tout de suite senti, vu que tu as toujours été là, mais moi aussi, j’étais là. J’ai toujours fait croire qu’elle avait elle-même des pouvoirs qu’elle ne contrôlait pas ! Mais en fait je m’occupais moi même de contrôler tout ça ! Elle n’a jamais eu de pouvoir, seulement des émotions si faciles à traduire ! Et toi tu étais là ! Tu voyais tout et tu ne faisais rien ! Encore aveuglé par ton amour idiot, tu as cru qu’elle avait évolué dans la Mort ! Quelle bêtise ! Parfois j’ai honte d’être ton frère. » Kupr n’écoutait presque plus. Il se tenait le ventre en grimaçant. Allard se pencha vers lui et lui murmura : « Ça fait mal hein ? Moi aussi je le ressens. Mais saches que cette douleur n’est rien en comparaison de ce que j’ai souffert quand tu m’as délaissé.

- Idiot ! gémit Kupr, si tu détruis le monde… tu mourras aussi ! »

          Autour d’eux la terre disparaissait, s’évaporait. Déjà Kirouel et Naïla n’étaient plus que des ombres. Les membres des deux Dieux commencèrent aussi à s’effacer et, avant que tout ne disparaisse dans le néant, on entendit une voix caverneuse prononcer : « Je sais, mais c’est la preuve que je gagne ! J’ai enfin détruit tous tes jouets. »

 

FIN

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commentaires

S
<br /> Machine est allée hiberner dans/sur l'arbre à chat!<br /> <br /> <br /> Et j'aimerai bien que mes textes donnent des idées à mon amoureux aussi... Mais comme ça marche pas, je suis obligée d'écrire! ;p<br />
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F
<br /> Euuuuuuuuuuuuuh... Tu le connais, mon amoureux ? ;) Machine a-t-elle fini d'hiberner sur le bureau ?<br />
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S
<br /> Hihi! Si les scènes en question lui donne des idées.... PHOTOOOOOS!! héhéhé!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> (Machine roupille toujours mais je suis convaincue qu'elle est ravie)<br />
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F
<br /> Promis ! J'irais lire tes autres textes (j'ai déjà donné le lien de ton roman à mon amoureux pour qu'il aille te lire, je sais déjà qu'il y a quelques scènes qui risquent de lui plaire beaucoup,<br /> beaucoup ^^).<br /> <br /> <br /> Felindra me dit de passer le bonjour à sa copine Machine aussi :)<br />
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S
<br /> Merci! N'hésite pas à lire les autres (Steam et Etre Humain) il y a aussi quelques nouvelles. Y a aussi un truc que j'ai jamais rebossé didonk!! Faudrait que je me repenche dessus pour voir si ça<br /> vaut le coup... Enfin en tout cas, ravie que ça t'ai plu!<br /> <br /> <br /> (Machine en baille de joie)<br />
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